dimanche 19 août 2007

" Sachez ce que vous voulez , et faites-le "

En écoutant le Maréchal FOCH (1921-1929), Commandant Charles BUGNET , Ed. Bernard GRASSET . Le Maréchal est né à Tarbes (Hautes -Pyrénées) en 1851 , et décédé à Paris en 1929 . C'est le 31 Mai 1921, que l'auteur, son nouvel officier d'ordonnance fut reçu par le Maréchal .
-"Ah ! vous voilà ?
-Oui, Monsieur le Maréchal, je voudrais ...
-Bon. Vous allez être mon officier d'ordonnance ! Et bien, consultez votre camarade Lhopital qui est déjà au courant . Nous verrons après . Il y a les services de longue haleine et la correspondance . Arrangez-vous avec lui .
-Monsieur le Maréchal, je vous remercie...
-Oui, c'est ça . Allez . Chaussez les pantoufles .
Le geste congédie . Il a repris sa lecture . "

Ce livre, de la collection : "Le Trimestre Littéraire "de chez Grasset, édité le 24 Avril 1929, est remarquable .
C'est un livre que Gerboise vous propose de lire, car ce texte va vous apporter, des" faits" et des " conseils" inestimables . Cette "Puissance d'agir", du Maréchal, admirablement présentée à l'aide de commentaires d'une extrême pertinence, par le commandant Charles BUGNET , est un exemple de grande qualité qui nous permettra d'étayer notre discours sur "Savoirs et Réflexions". Ce livre nous servira de référence, aux moments opportuns pour illustrer nos conseils et donner des exemples de faits historiques .
Nous allons citer le texte du paragraphe correspondant au titre du billet d'aujourd'hui :
"Sachez ce que vous voulez, et faites-le " ( page 120) en vue de vous inciter vivement de lire l'ensemble du livre . Nous allons construire un lien très fort entre les comportements disséqués et décrits par l'auteur , d'une efficacité redoutable , concernant l'analyse faite par le Maréchal de sa pensée et de sa stratégie, durant "La Première Guerre Mondiale" , ( presque infaillibles, puisqu'ils ont conduits à la Victoire) et ceux vers lesquels devront tendre vos attitudes intellectuelles et votre action lors des entretiens de recrutement . Voici le leitmotiv (sujet sur lequel on revient volontiers, motif conducteur d'un écrit) que nous avons choisi après une lente réflexion .Il correspond bien à notre éthique . Prenez le en considération :car il en vaut la peine .

Décidez, en dernière analyse (en résumé de l'essentiel ) , du choix de votre réponse et après , énoncez -la (action) .

(Les commentaires de couleur mauve très clair dans le texte de l'auteur ,concernant le contexte d'un entretien , ont été ajouté par Gerboise) .

Nous n'avons pu savoir, en ce mois d'août, si cet ouvrage que nous venons de découvrir dans un marché de banlieue, avait été réédité . Existe-t-il des exemplaires dans les bibliothèques municipales, je ne sais ? Nous vous signalons que de nombreux exemplaires sont en vente d'occasion, sur internet sur le site : chapitre.com .

Voici le contenu du paragraphe en question .

"La volonté est un agent d'exécution . Pour remplir sa tâche avec succès elle doit donc se distinguer par sa puissance , son énergie , sa vigueur , sa continuité d' efforts , sa ténacité. Ce sont là des qualités de caractère .
Sa mission est d'appliquer des décisions prises par l'intelligence ,en connaissance de cause , après étude , réflexion et choix . Elle n'est donc pas indépendante .

Si , cherchant à tirer d'un exemple cité par le Maréchal FOCH la conclusion qui vous semble indiscutable , vous lui dites : " Il faut de la volonté " , il vous répondra : Non ! Avec le ton qu ' il sait prendre pour montrer combien vous êtes loin d' avoir saisi sa pensée . Sans laisser à votre surprise le temps de se manifester , il ajoutera tout de suite à cette dénégation déconcertante , ces quelques mots d'explication :
La volonté ? Oui . C'est bien , mais cela ne suffit pas . Pour un peu il vous dirait : La volonté ? C'est un mot . Ce ne serait qu'un de ces raccourcis dont il a l'habitude et qui sont éloquents , mais qu'il faut bien comprendre .

La méthode du Maréchal FOCH forme un tout .
Il ne s'agit pas de développer une faculté quelconque au détriment des autres, mais de les faire travailler toutes en même temps et de la même façon, pour constituer par leur ensemble un faisceau de forces homogènes, s'appuyant les unes sur les autres, concourant au même résultat et acquérant par leur union une puissance que leur simple juxtaposition ne fournirait pas .
Chez le Maréchal, la volonté, parmi ces forces, est la plus apparente . Le seul principe qui la réglemente indique assez qu'elle n'est pas la seule : Sachez ce que vous voulez, et faites-le .
On n'exécute bien que les ordres ( les consignes, les directives) que l'on comprend bien . On les exécute encore mieux lorsqu'on les approuve, ou qu'on les sait dictés par des certitudes ou des nécessités . Pour augmenter la puissance de la volonté, c'est donc moins sur elle que sur ses bases qu'il faut opérer . Le "savoir" et le "pouvoir" seraient d'ailleurs vains, s'ils ne se servaient pas de point de départ à la volonté, à laquelle par surcroît ils fixent le point d'application et indiquent le but : le résultat à atteindre .

Savoir ce que l'on veut , c'est donc connaître ce point de départ, ce point d'application et ce point d'arrivée . Le travail à fournir, l'effort à donner sont ainsi nettement délimités et partant facilités .

Il suffi de savoir ce qu'on veut et c'est à moitié fait .
Ainsi, à la guerre (ou ailleurs dans le monde de l'économie , des marchés financiers et celui des entretiens de recrutement) : Les renseignements ? Mais c'est inutile, ils sont presque tous faux ; on ne sait qu'après ceux qui étaient vrai (comme en bourse , de même lors d'un entretien) . Je n'en ai jamais fait état . On voit ce qu'on veut faire ; on voit si on peut le faire avec ce qu'on a, et puis on le fait ...Les renseignements sur l'ennemi ? On ne sait jamais rien...(n'en est-il pas de même de ceux concernant les marchés financiers ; les "ont-dit"invérifiables sur l'instant où il faut prendre la décision d'agir . Et, lors d'un entretien, l'affirmation qui vient d'être assenée , est-elle vraie, fausse dans le contexte dont on parle, faut-il la prendre en considération , ou la réfuter ? Va -t-on tomber dans un piège ? ) .
Le soir de la Marne, quand on m'a dit que les Allemands n'étaient plus là, je ne comprenais pas ! L'histoire ? ... A posteriori, on ne fait plus état que des renseignements dont on sait qu'ils furent exacts, mais quand on devait s'en servir, on ne le savait pas !... Voyez-vous, ce qu'il faut, c'est de ne pas attendre les renseignements, c'est savoir ce qu'on veut . On fait ce qu'on veut, quand on sait ce qu'on veut (on ne doit surtout pas se laisser "ballotter
" au gré des fluctuations des cours du Marché de la bourse et surtout des opinions émises non contrôlables ; de même, lors d'un entretien de recrutement, par les affirmations , incompréhensibles, parfois inopportunes et même sournoises , de son interlocuteur . On peut appliquer ces conseils à de très nombreuses activités humaines ) .

Comme tous les grands travailleurs, le Maréchal ne voit successivement qu'un côté des choses .Quand il s'est fixé une tâche, il y consacre tous ses efforts, toutes ses facultés, tout son temps . Il repousse tout ce qui pourrait le gêner, l'encombrer, le distraire . Système d'un homme fort, maître de soi, sachant ce qu'il veut et le voulant avec une énergie indomptable . Pasteur faisait de même, lui qui, peut-être le plus profond des penseurs et le plus grand des réalisateurs, laissait de côté tout ce qui n'était pas du domaine de ses recherches, et répondait par des truismes (vérités si banales qu'elles ne méritent pas d'être énoncées) aux questions sur des sujets étrangers à ses préoccupations . Si de tels hommes voulaient appliquer les ressources de leur cerveau à d'autres études, ils y réussiraient aussi bien .
Ils sont de l'avis du fabuliste, d'accord lui-même avec Saint Thomas d' Aquin (théologien et philosophe italien, 1228-1274), qui reconnaît aux "hommes d'un seul livre" une force que rien ne peut ébranler .
D'ailleurs, ces grands hommes vivent sur un plan où nous n'atteignons pas . Leurs façons de voir et de juger, leurs préoccupations, leurs solutions sont d'une autre essence que les nôtres . Ce qui nous apparaît un inconvénient est pour eux un avantage . Nous critiquons leur état d'esprit, eux l'exagèrent et lui font produire des merveilles . Nous louons leurs qualités, leurs vertus, eux les ignorent . Il en résulte évidemment des frictions . Laissez çà .Vous n'y comprenez rien .
Vous vous retranchez derrière l'opinion publique . Ne l'écoutez pas. Qu'est-ce que cela signifie, l'opinion des autres . Je ne m'en occupe pas ! Il lui suffit de savoir ce qu'il veut .
En outre, une condition s'impose : Il faut vouloir, c'est entendu, mais il faut savoir vouloir .
Aux yeux du Maréchal, une fois que la décision est prise, plus rien n'existe que la seule volonté d'aboutir, acharnée (obstinée), implacable ( inexorable) . S'il veut , lui, ce n'est point pour le plaisir de vouloir, mais parce qu'il sait, parce qu'il peut, et qu'il n'y a pas d'autre moyen . On parle de mon optimisme . Je ne suis pas optimiste .Mais il faut aboutir ... Pourtant j'ai connu des moments où l'on me disait : "Nous sommes fichus ! Nous y passerons tous" . Et bien ! qu'est-ce que cela fait ? On en sort quand même ; Seulement il faut travailler, il faut vouloir ! Son optimisme : c'est de la volonté qui dure . Il sait que celui qui a le plus de volonté, l'emporte . Il veut . Il est le plus fort . Il en est sûr ! Cependant cela n'est pas de l'entêtement . Il s'obstine contre les personnes, parce qu'on arrive à les faire changer d'avis si on les pousse . Contre les faits il n'y a rien à faire ! Et il ne tente rien ( c'est pour cela qu'il ne faut jamais en bourse, lutter contre l'évidence, les cours baissent, c'est un fait, ils montent , c'est également un fait ; dans une audition de recrutement , présentez des faits, l'interlocuteur sera obligé de les accepter, présentez des opinions non ancrées sur des faits, il les discutera et s'y opposera , en vous mettant dans l'embarras) .
La volonté ne se discute pas ; discutée, elle s'émiette . Quand il donnait l'ordre d'attaquer ou de tenir à outrance ( à l'excès, à la démesure) et refusait des renforts ou des réserves, il ne voulait rien entendre . Ce n'était pas qu'il ignorât les difficultés ou refusât de les admettre, il les connaissait fort bien, mais du moment qu'il fallait passer outre, à quoi bon les ressasser ? Ne valait-il pas mieux avoir l'air de les nier ? Dans ces moments où il faut une volonté exaspérée pour insuffler à tous une énergie que rien ne doit affaiblir, il exige, quoi qu'on lui oppose, il bouscule pour obliger à vouloir . Alors il redit inlassablement la même chose, il enfonce le "clou"à coups répétés, il rayonne de l'énergie par son ardeur, il soutient par son exemple . Il veut, il veut, et on l'écoute, on le suit ; il donne confiance, il entraîne, il réussit .

Savoir vouloir, c'est avoir du caractère . Le Maréchal ne mâche pas ses mots quand il parle d'un chef qui n'en possède pas : Intelligent ? Oui . Mais pas de caractère . Tout le temps à critiquer . Pour faire un bon mot, rien ne l'aurait arrêté . En foi de quoi, n'aboutissant à rien . Allez ! Le caractère, c'est le principal . L'intelligence, la critique ... hum ! Une bourrique qui a du caractère vaut mieux .
Savoir vouloir , c'est ne se laisser arrêter par aucune difficulté Nous en avons vu bien d'autres et nous en sommes sortis ... L'ennemi ? Ne vous en occupez pas . Vous savez ce que vous faites . Si vous avez passé toutes les éventualités au crible, quoi qu'il arrive alors, continuez, vous arriverez à imposer votre volonté . Et faites-le à fond .
Savoir vouloir , enfin, c'est de ne pas user sa volonté à des riens, mais l'appliquer de toutes ses forces au point essentiel : Briser la volonté de l'ennemi, tel est donc le premier principe ; la briser par un coup inattendu, d'une vigueur suprême, telle est la première conséquence de ce principe . Pour battre un adversaire, un coup d'épée au coeur ou un coup de massue sur la tête garantit le résultat .
Ainsi la volonté se différencie de l'entêtement . Il ne s'agit pas de vouloir n'importe quoi, n'importe comment . Si la volonté du Maréchal fut toujours si efficace, ce n'est point parce qu'elle était aveugle, mais bien au contraire, réfléchie, raisonnée . Sûr de ses bases il la poussait jusqu'aux extrêmes limites .
Les qualités du caractère sont sans doute les premières chez l'homme de guerre, (chez les investisseurs, la bourse étant une formidable école du caractère et du réalisme ; chez le chercheur d'emploi qui doit faire preuve lors d'une audition, d'un tempérament, donc d'une personnalité à toute épreuve) , mais où peut conduire l'énergie si on n'est pas assez instruit pour connaître quel but il faut atteindre et quels chemins y conduisent ?

Si le Maréchal de France , vicomte de Turenne (1611-1675), eut la prudence et le Prince de Condé ( 1736-1818) , l' audace , Foch eut la volonté .

Toutes les fois que vous avez une tâche à remplir, considérez-la soigneusement . Rendez-vous compte exactement de ce qu'on exige de vous . Mais faites un plan et, pour l'exécuter comme il faut, donnez-vous une méthode ; n'improvisez pas . Quant à l'essentiel pour exécuter votre plan, c'est la volonté, une volonté opiniâtre ".

Nous soumettons ce texte à votre jugement , à votre perspicacité . Dans toutes les circonstances où vous serez amené à prendre des décisions, rappelez-vous de cet Homme, le Maréchal FOCH , et de tout ce que le Commandant Charles BUGNET a su saisir de sa personnalité . Réfléchissez au trésor qu'il nous a transmis, après ces huit années de connivence avec "ce vainqueur" de la Grande Guerre, qui avec tant d'autres a conduit toutes ses troupes à la Victoire . Inspirez-vous le plus souvent possible de cette façon de se comporter avec les Faits . Il n'y a qu'eux qui peuvent nous conduire à la réussite, si vous êtes capable de les dominer .

Bien à vous , Gerboise .




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