samedi 29 septembre 2007

Variabilité du sens des mots : fluctuations , vicissitudes . Le mot et l' idée : élocution et style .

On appelle élocution et style , la manière personnelle dont chacun exprime sa pensée par le langage .

Les mots sont porteurs d'un sens déterminé , souvent invariable .
Le langage est le signe et non le véhicule de la pensée ; autrement dit, le mot renferme l'idée, non par sa vertu propre, comme l'enveloppe , la pelure recouvre le fruit, mais par la suite d'une convention et à cause du sens que le commun des hommes y a attaché . Quand nous prononçons ces deux syllabes : cristal, ou ces deux autres : hêtre , c'est l'usage qui me fait voir dans le premier groupe de la matière minérale, et dans le second, de la matière vivante végétale .

En dehors de leur signification commune et nettement déterminée, les mots ont une signification particulière , non indiquée dans le dictionnaire , et dépendante des divers esprits . Chacun de nous emplit d'idées ou de sensations spéciales les expressions dont il se sert .
Prenons un mot au hasard, planète, la lune par exemple . Il a un sens bien défini par l'usage . Il désigne l'astre que tout le monde peut voir par une nuit étoilée . Mais quelles images différentes il éveille chez l'astronome qui ne l'a observé qu'à travers sa lunette astronomique , et chez l'astronaute qui a réalisé le premier pas sur le sol lunaire !
Le mot, tel que le donne le dictionnaire, avec son sens principal et ses sens dérivés, n'est donc ni une photographie des objets, ni une notation exacte et mathématique de nos impressions : c'est plutôt une approximation, une sorte d'ébauche, qui attend de nous sa physionomie distincte, son attitude dernière .
Le style est précisément l'art avec lequel une personne qui s'exprime, un auteur groupe les mots et les combine, les éclaire et les renforce les uns par les autres, ou, au contraire, les éteint et les atténue, afin de rendre sensibles pour le lecteur (ou l'auditeur) telle nuance, tel caractère, que la pensée emprunte au tempérament, à l'éducation et à l'expérience d l'écrivain . Ainsi , avec les milliers de vocables que renferme un dictionnaire et avec seulement quelques centaines , on peut traduire une infinité d'idées et de sentiments .
« C'est parce que le langage n'exprime et ne fait paraître qu'une faible partie de ce monde subjectif, que l'art d'écrire est possible . Si le langage était l'expression adéquate de la pensée, et non un effort plus ou moins heureux vers cette expression, il n'y aurait pas d'art de bien dire . Le langage serait un fait naturel comme la respiration, la circulation, ou comme l'association des idées ; mais grâce à cette imperfection, on fait effort à mieux saisir sa pensée dans tous ses contours, dans ses replis les plus intimes et à la mieux rendre, et l'on fait œuvre d'écrivain .»
Par quelques exemples il paraîtra mieux comment un mot prend un sens spécial, suivant le rayonnement qu'il reçoit du contexte ou d'une simple épithète , et suivant que ses entours le pressent et le resserrent, ou le laissent s'enfler et s'étendre .

Quand l'Hippolyte de Racine dit :

Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur (Phèdre) .

-et quand un poète moderne nous décrit un soir de carnaval à Paris :

Sur le pavé noirci les blafardes lanternes
Versaient un jour douteux, plus triste que la nuit ,
Et, suivant au hasard ces feux vagues et ternes ,
L'Homme passait dans l'ombre, allant où va le bruit .

Alfred de Musset, Lettre à Lamartine .

-Est-ce le même jour que le même mot nous fait voir à chaque fois ?

Dans une de ses fables, La Fontaine nous montre un agneau sur le bord d'un ruisseau :

Un agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure
( Le loup et l'agneau)

- Ailleurs, une hirondelle s'adresse à de petits oiseaux :


Mais vous n'êtes pas en état
De passer comme nous les désert et les ondes .

- Auguste , dans Cinna, parle de

Cet empire absolu sur la terre et sur l'onde ,
Corneille, Cinna , acte II , scène 1

Qui lui a coûté tant de peine et de sang .

Dans ces trois cas , le mot onde n'évoque -t-il pas en notre esprit trois images différentes ? C'est d'abord une eau cristalline et limpide , un léger ruisseau qui court sur un lit de cailloux . Ensuite, lorsque l'hirondelle parle, nous avons la vision de la mer avec ses orages et ses tempêtes . Enfin , dans Cinna, c'est l'immensité liquide, couverte des flottes romaines, qui s'étend devant le regard de l'imagination .

Qu'on juge par là de quelle infinité de sens et de quelle élasticité les mots sont susceptibles . Par là aussi se justifie l'observation de J. De Maistre : « Si tous les mots devaient être pris dans un sens rigoureux comme les noms de nombre, il deviendrait impossible d'écrire »

Nous poursuivrons l'analyse des subtilités et des richesses de la langue française dans un prochain billet . A bientôt , Gerboise .

vendredi 28 septembre 2007

De l'originalité , ou des qualités qui caractérisent les personnalités et permettent d'établir une réelle "carte d'identité " des comportements .(1)


(1) En situation d'entretien .
L'originalité , cette caractéristique qui vient sourdre parfois de l'esprit comme une eau de source (eau de jouvence !) arrivant à l'air libre et jaillissant par intermittence en répandant ses bienfaits et quelquefois des nuisances , chez les êtres humains qui "se lancent", entr'autres occupations , dans les activités de l'écriture . Cette puissance d'agir spécifique des "maîtres de la plume" : les écrivains , est également une caractéristique , une particularité de tout " honnête homme" dans l'ensemble de ses comportements et activités intellectuelles , mêmes pratiques .

Faire preuve d'originalité ...

L'étendue suivant laquelle les diverses vertus pour les belles-lettres se mêlent et se combinent chez un auteur , la nature particulière à chacune d'elles, et la façon dont cette faculté s'est développée par l'éducation, voilà ce qui constitue le tempérament, la physionomie et l'originalité d'une personne et en particulier d'un écrivain . Ainsi, Racine a plus de sensibilité que d'imagination , et autant de goût que de sensibilité ; sa sensibilité est délicate et profonde , son imagination souple et mesurée , son goût exquis : c'est un poète de génie, doublé d'un pur artiste . Corneille a moins de sensibilité que d'imagination, et moins de goût que de sensibilité ; la sensibilité chez lui, , est souvent alambiquée ( compliquée, tortueuse) et raisonneuse
( chicaneuse , "coupeuse de cheveux en quatre" !) , l'imagination grandiose et riche jusqu'à l'exubérance ( l' abondance, la pétulance) , le goût incertain : c'est un autre poète de génie, sans plus . Il ne veut ni ne sait, comme Racine , ciseler son vers avec des doigts d'orfèvre ; il le forge, au contraire, en un métal sonore et rigide comme les cuirasses de ses héros, et lui donne le poli de l'acier . « L'ORIGINALITE en littérature est donc l'empreinte personnelle que les idées et les sentiments reçoivent du tempérament particulier d'un écrivain » .
On sait le mot de La Bruyère : « Tout est dit .» Mais chacun de nous peut reprendre pour son propre compte, et faire siennes , des idées cent fois exprimées, que, pour cette raison, on a appelées LIEUX COMMUNS . « En traversant le milieu d'une pensée sincère, les lieux communs s'y dépouillent de ce qu'ils ont de banal et ne conservent de tout ce que l'on confond sous le nom de banalité que l'universalité, pour en ressortir originaux et vrais d'une vérité toute nouvelle . »
Dans l'Antiquité, Eschyle, Sophocle, Euripide ont traité les mêmes sujets ; Racine, à son tour, a remis sur la scène des sujets d' Euripide : preuve que si rien n'est nouveau sous le soleil, aux mains du génie rien n'est usé .
Il y a plus . L'éternel fonds exploité depuis si longtemps par les poètes, réserve encore des découvertes et des surprises à qui sait observer .
« La nature physique et morale de l'homme n'est pas encore connue, malgré toutes les apparences contraires ; elle si diverses et si fine qu'elle se dérobe sans cesse aux plus pénétrants regards .Elle offre bien des nuances qui ont échappé, des attitudes, des gestes, des expressions, par exemple, des étonnements d'enfants, des sérénités, des tristesses que ni le peintre, ni le poète, ni acteur n'a encore aperçus, ou n'a su saisir . Il y a dans l'humanité des choses ravissantes que le hasard nous fait quelquefois remarquer et qui n'ont été reproduites par aucun art . Sur les fronts humains il a passé bien des nuages ou bien des rayons qui n'ont laissé de traces . Il est de divins sourires qui, depuis des siècles, errent sur des lèvres humaines, qui n'ont jamais été surpris au passage par un artiste et qui se sont évanouis ; mais soyez sûr qu'un jour quelqu'un les remarquera et les fixera sur la toile ou dans la poésie . Voilà pourquoi l'art est immortel et peut se renouveler sans cesse . »

Faire preuve d'originalité lors des interactions , quelles soient écrites ou orales , permet de faire apparaître ,ou non, des qualités qui vont interpeller l'interlocuteur , soit le séduire , soit le révulser .
Nous reparlerons des conséquences de ces interférences bientôt .
Bien à vous, GERBOISE .

mercredi 26 septembre 2007

Le Maître de la Pantomime nous a quitté !

Le Mime Marceau avait su exprimer avec tout son corps , par la gestuelle , ce que certains d'entre nous ne révèlent parfois , que sur leur visage , même lorsque ce dernier reste impassible : Le Regard ; mais chez lui , quels Regards ... !
Pourquoi Gerboise éprouve t-elle le désir de lui faire un dernier adieu? Un dernier Hommage ! Quel lien peut-il exister entre l' Art sublime du mime et le contenu de notre site ? Il s'agit du Langage , non verbal ,bien sûr ! celui exprimé par toute votre personne , cette manière d'exprimer son savoir, sa pensée , ses sentiments , ses états d' âme , et parfois des manières d'être plus profondes que celles des multiples formes du langage verbal . Lors d'une audition , quelle qu'elle soit , d'un entretien, toute la gestuelle de votre corps , vos attitudes , et toutes les expressions de vos regards successifs , seront autant de liens positifs ou(!) négatifs ( oui , malheureusement) qui se manifestent à l'égard de votre interlocuteur .

«MARCEAU Marcel ( Marcel Mangel , dit)
Mime français, né à Strasbourg en 1923 . Après des études au lycée de cette ville , puis aux Beaux-Arts de Paris , Marceau devient l'élève d'Etienne Decroux et de Charles Dullin . Il entre en 1945 dans la compagnie Renaud-Barrault et crée le rôle d' Arlequin dans Baptiste , de Jacques Prévert . Puis il abandonne la technique conventionnelle du mime et compose son célèbre personnage de Bip , inspiré du traditionnel Pierrot ; défini par son créateur comme un « héros comique qui côtoie le tragique » , tour à tour peintre, athlète ou cycliste, Bip , être sensible et tendre , vivant des instants cocasses ou pathétiques , crée autour de lui une aura de poignante poésie : Exercices de style , Le Joueur de flûte , Mort avant l'aube , Pierrot de Montmartre . La pantomime de style est née .
Sa compagnie de pantomime , fondée en 1947 , a formé de nombreux artistes ( dont le mime Gilles Segal ) ; elle se double d'une école de mime , créée en 1958 . En dehors de son personnage de Bip , Marceau a réalisé quelques mimodrames symboliques , comme le Manteau ( 1951, d'après Gogol ) , Le Fabriquant de masques ; certains ont été portés à l'écran , en particulier Pantomimes ( 1954) , Un jardin public ( 1955) , Paris qui rit , Paris qui pleure ( 1959) et Don Juan ( 1964) sont les plus marquantes .

Interprète et metteur en scène de ses propres compositions , considéré comme le meilleur mime actuel , Marcel Marceau a su rénover un art séculaire qui se figeait dans ses traditions .

Il s'inspira de Debureau et de Chaplin pour renouveler l'Art du Mime » .
A bientôt, GERBOISE .

mardi 25 septembre 2007

Agréable surprise : Découverte de la réédition dudictionnaire d' Emile Littré ; le premier tome (lettre A) vient de paraître (4,90 €) , à suivre ...?

(Nota : dans le titre un saut de mot s'est produit au moment du transfert entre le HTC X 7500 et l'ordinateur HP : réédition du "merveilleux " dictionnaire ... ; plus loin il s'agit de 4,90 euros )

L' ancienne version du Littré nous servait d'ultime référence lors de la rédaction des billets de notre blog GERBOISE en vue de " lever des doutes " et /ou de compléter des définitions que d'autres dictionnaires , en particulier ceux de l'excellente nouvelle série de la collection des usuels Le Robert (certains inédits) et celui des synonymes de Henri Bénac des Editions Hachette , ne nous avaient pas permis d'en préciser le sens à notre convenance . Surtout dans les cas où il était très difficile de définir , de spécifier notre propre pensée par des mots , en relation avec les subtilités particulières de certains concepts à expliciter , à expliquer , à faire vraiment comprendre , dans un contexte complexe par rapport à des réalités à multivariables appartenant à de nombreux champs des savoirs .

Pour vraiment " appréhender " la façon très particulière de définir les mots , spécifique au Littré , nous allons , avec à propos , retenir ce verbe " appréhender " car certains sens relatifs aux champs du savoir et à la connaissance y sont particulièrement bien explicités .
Il s'agit en dehors des significations des mots : crainte et capture , notions définies dans d'autres ouvrages , des significations suivantes :

« "Appréhension" : facilité à comprendre ;" Il avait l'appréhension vive, le discernement bon, une sagesse singulière "(Saint Simon)
" L' extrême facilité de son appréhension et l'agilité ferme et forte de son élocution ...( Saint Simon) .
En termes de logique, première idée qu'on prend d'une chose ." Les idées simples sont non-seulement les premières appréhensions qui nous viennent par les sens, mais encore les premières comparaisons que nous faisons de ces appréhensions " ( Buffon, Animaux. Reprod.) . L'évidence qui nous vient par les sens n'est qu'une appréhension nette d'objets ou d'images " (Buffon, Homme, arithmétique morale ).
Le sens réservé à la logique autrefois est employé couramment aujourd'hui . Une meilleure appréhension de la diversité des cultures ( compréhension) " .»

Seul le dictionnaire de la collection des Usuels du "Le Robert "des synonymes , nuances et contraires , présente trois verbes :concevoir , percevoir et saisir, dont les sens concernent en partie ceux présentés ci-dessus , mais sans les citations .

Le séjour "Malouin" ( à Saint Malo ) de Gerboise va se terminer ; dès le début du mois d'octobre nous reprendrons la suite de nos billets concernant les thèmes déjà commencés et traités en partie .Bien à vous .

samedi 22 septembre 2007

Les avancées de la science : Résultent-elles de réponses à des interrogations précises partielles et pratiques , ou à celles concernant un questionnement général touchant à de grands problèmes fondamentaux .

Dans son livre : Le Jeu des possibles , édité chez Fayard , François JACOB , Prix Nobel de Médecine , prend la position suivante :

" De fait , le début de la science moderne date du moment où aux questions générales se sont substituées des questions limitées ; où au lieu de se demander : « Comment l'univers a-t-il été créé ? De quoi est faite la matière ? Quelle est l'essence de la vie ? » , on a commencé à se demander : « Comment tombe une pierre ? Comment l'eau coule - t - elle dans un tube ? Quel est le cours du sang dans le corps ? » Ce changement a eu un résultat surprenant . Alors que les questions générales ne recevaient que des réponses limitées , les questions limitées se trouvèrent conduire à des réponses de plus en plus générales . Cela s'applique encore à la science d'aujourd'hui .
Juger des problèmes devenus mûrs pour l'analyse , décider quand il est temps d'explorer à nouveau un vieux territoire , , reprendre des questions naguère considérées comme résolues ou insolubles , tout cela constitue l'une des qualités majeures d'un scientifique . Pour une bonne part , c'est à la sûreté de jugement en ce domaine que correspond la créativité en science . Bien souvent , le jeune scientifique inexpérimenté , comme l'amateur , ne savent se contenter de questions restreintes Ils veulent s'attaquer seulement à ce qu'ils considèrent comme des problèmes généraux".

A bientôt , GERBOISE .

jeudi 20 septembre 2007

Jugements , Satires , Courage et force morale : Nicolas Boileau .

C'est quand il juge ses contemporains - tâche pourtant très difficile - que Boileau mérite le plus d' éloges , pour sa critique sincère et désintéressée , loyale et courageuse , impartiale et perspicace .
Ses seules passions furent la haine de la sottise et l'amour de la vérité. :

La satire , en leçons , en nouveautés fertiles ,
Sait seule assaisonner le plaisant et l'utile ,
Et , d'un vers qu'elle épure aux rayons du bon sens ,
Détromper les esprits des erreurs de leur temps ...
C'est elle qui , m'ouvrant le chemin qu'il faut suivre ,
M'inspira dès quinze ans la haine du sot livre .
(Satire IX , 267 .)

Dès lors à la richesse il fallut renoncer :
Ne pouvant l' acquérir j'appris à m ' en passer ;
Et surtout , redoutant la basse servitude ,
La libre vérité fut toute mon étude .
( Epître V , 119 . )

Il a fait preuve de loyauté , en distinguant toujours , chez les écrivains qu'il attaque , l'oeuvre et la pesonne :

"Il a tort , dira l'un , pourquoi faut-il qu'il nomme ?
Attaquer Chapelain ! Ah ! C'est un si bon homme !... "
En blâmant ses écrits , ai-je d'un style affreux
Distillé sur sa vie un venin dangereux ?
Ma muse , en l'attaquant , charitable et discrète ,
Sait de l'homme d'honneur distinguer le poète .
( Satire IX , 203 )

Du courage , il en a montré , en n'hésitant pas à attaquer - au risque de l'être tant de fois lui-même - des écrivains jouissant d'une situation officielle , comme Chapelain , le distributeur des pensions , et des auteurs , vers qui se portait le goût contemporain , précieux et burlesques , ou en prenant publiquement la défense de Corneille , Molière et Racine , aux heures où ils étaient méconnus par l'opinion .
Aussi peut-on être sûr que , si dans L'Art poétique il a omis de parler de La Fontaine , c'est lui , au dire de son biographe Mathieu Marais , dont l'intervention décida le libraire Denis Thierry à accepter le premier recueil des Fables . Ce n'est pas du moins par peur de déplaire à Louis XIV . Il ne dissimula jamais devant le Roi ses relations avec Port-Royal . Et l'on raconte qu'un jour il répondit , avec une franchise assaisonnée d'esprit , à Louis XIV , qui lui demandait son avis sur des vers dont il était l'auteur : " Sire , rien n'est impossible à votre Majesté ; elle a voulu faire de mauvais vers , et elle y a réussi."

Impartial , il le fut pour ses ennemis comme pour ses amis .

Nous poursuivrons cette narration des qualités , du courage , du rôle prépondérant et de l'influence que Boileau eut sur ses contemporains . Cela nous permettra de vous faire comprendre et également de vous faire accepter cette évidence , souvent sous-jacente dans les textes de Gerboise : La nécessité d'une certaine rigueur dans tous nos rapports avec le Savoir et la Réflexion .

Bien à vous , Gerboise .

mercredi 19 septembre 2007

Conduire à ses raison,ou faire entendre leur raison !

"On peut convaincre les autres par ses propres raisons ; mais on ne les persuade que par les leurs "

Joseph Joubert , Pensées , Essais, Maximes et Correspondances , 1838 .

mardi 18 septembre 2007

Constat d'une évidence : Continuité et Changements .

" Tous les siècles font entrer dans la désuétude (désuet : qui a cessé d'être en usage par suite du temps et /ou des circonstances) et dans l'oubli un certain nombre de mots ; tous les siècles font entrer un certain nombre de mots dans l'habitude et l'usage . Entre ces acquisitions et ces déperditions , la langue varie tout en durant . Un fonds reste qui n'a pas changé depuis le XI ème et le XII ème siècle ; des parties vont et viennent , les unes périssant , les autres naissant . C'est cette combinaison entre la permanence et la variation qui constitue l'histoire de la langue" .

Émile LITTRÉ , (1803 - 1881) , Dictionnaire de la langue française , préface .

Nous constaterons qu'il n'y a pas que le langage qui est assujetti à cette évolution ; tout ce qui nous environne , matériel ou virtuel , découle de cet état de chose . GERBOISE

lundi 17 septembre 2007

Les " Embouteillages, les encombrements de celle qui fut Lutèce dans les premiers siècles du Moyen Age (suite) narrés par NicolasBoileau

Moi donc, qui dois souvent en certain lieu me rendre,
Le jour déjà baissant, et qui suis las d'attendre,
Ne sachant plus tantôt à quel saint me vouer,
Je me mets au hasard de me faire rouer.
Je saute vingt ruisseaux, j'esquive, je me pousse ;.........................5
Guénaud sur son cheval en passant m'éclabousse :
Et, n'osant plus paraître en l'état où je suis,
Sans songer où je vais, je me sauve où je puis.
Tandis que dans un coin en grondant je m'essuie,
Souvent pour m'achever, il survient une pluie :...............................10
On dirait que le ciel, qui se fond tout en eau,
Veuille inonder ces lieux d'un déluge nouveau.

Pour traverser la rue, au milieu de l'orage,
Un ais sur deux pavés forme un étroit passage ;
Le plus hardi laquais n'y marche qu'en tremblant : .........................15
Il faut pourtant passer sur ce pont chancelant ;
Et les nombreux torrents qui tombent des gouttières,
Grossissant les ruisseaux, en ont fait des rivières.
J'y passe en trébuchant ; mais, malgré l'embarras,
La frayeur de la nuit précipite mes pas. ..............................................20
Car, sitôt que du soir les ombres pacifiques
D'un double cadenas font fermer les boutiques ;
Que, retiré chez lui, le paisible marchand

Va revoir ses billets et compter son argent ;
Que dans le Marché-Neuf tout est calme et tranquille, .....................25
Les voleurs à l'instant s'emparent de la ville.
Le bois le plus funeste et le moins fréquenté
Est, au prix de Paris, un lieu de sûreté.
Malheur donc à celui qu'une affaire imprévue
Engage un peu trop tard au détour d'une rue ! ....................................30
Bientôt quatre bandits lui serrant les côtés :
La bourse !... Il faut se rendre ; ou bien non, résistez,
Afin que votre mort, de tragique mémoire,
Des massacres fameux aille grossir l'histoire.

Pour moi, fermant ma porte, et cédant au sommeil, ..............................35
Tous les jours je me couche avecque le soleil :
Mais en ma chambre à peine ai-je éteint la lumière,
Qu'il ne m'est plus permis de fermer la paupière.
Des filous effrontés, d'un coup de pistolet,
Ebranlent ma fenêtre, et percent mon volet : ..........................................40
J'entends crier partout : Au meurtre ! On m'assassine !
Ou : Le feu vient de prendre à la maison voisine !
Tremblant et demi-mort, je me lève à ce bruit,
Et souvent sans pourpoint je cours toute la nuit.
Car le feu, dont la flamme en ondes se déploie, .........................................45

Fait de notre quartier une seconde Troie,
Où maint Grec affamé, maint avide Argien,
Au travers des charbons va piller le Troyen.
Enfin sous mille crocs la maison abîmée
Entraîne aussi le feu qui se perd en fumée. .................................................50
Je me retire donc, encor pâle d'effroi,
Mais le jour est venu quand je rentre chez moi.
Je fais pour reposer un effort inutile :
Ce n'est qu'à prix d'argent qu'on dort en cette ville.
Il faudrait, dans l'enclos d'un vaste logement, ............................................ 55
Avoir loin de la rue un autre appartement.

Paris est pour un riche un pays de Cocagne,
Sans sortir de la ville, il trouve la campagne :
Il peut dans son jardin, tout peuplé d'arbres verts,
Receler le printemps au milieu des hivers ; ...................................................60
Et, foulant le parfum de ses plantes fleuries,
Aller entretenir ses douces rêveries.
Mais moi, grâce au destin, qui n'ai ni feu ni lieu,
Je me loge où je puis, et comme il plaît à Dieu.

Nicolas Boileau ,(1636-1711), Poète, Ecrivain et Critique français , Les Satires , VI , Les embarras de Paris .

Cette satire ( VI ) de Nicolas Boileau sera commentée plus tard , en vue de l'insérer dans notre analyse ,en tant qu'exemple de "critique "concernant les sujets sur les savoirs et les réflexions . Bien à vous, Gerboise .

dimanche 16 septembre 2007

Boileau :discours de l'auteur pour servir d'apologie à la satire sur l'équivoque

Nicolas Boileau
Satires
Discours de l'auteur pour servir d'apologie à la satire sur l'équivoque


Quelque heureux succès qu'aient eu mes ouvrages, j'avais résolu depuis leur dernière édition de ne plus rien donner au public ; et quoiqu'à mes heures perdues, il y a environ cinq ans, j'eusse encore fait contre l'Equivoque une satire que tous ceux à qui je l'ai communiquée ne jugeaient pas inférieure à mes autres écrits, bien loin de la publier, je la tenais soigneusement cachée, et je ne croyais pas que, moi vivant, elle dût jamais voir le jour. Ainsi donc, aussi soigneux, désormais de me faire oublier, que j'avais été autrefois curieux de faire parler de moi, je jouissais, à mes infirmités près, d'une assez grande tranquillité, lorsque tout d'un coup j'ai appris qu'on débitait dans le monde, sous mon nom, quantité de méchants écrits, et entre autres une pièce en vers contre les jésuites, également odieuse et insipide, et où l'on me faisait en mon propre nom, dire à toute leur société les injures les plus atroces et les plus grossières. J'avoue que cela m'a donné un très grand chagrin : car, bien que tous les gens sensés aient connu sans peine que la pièce n'était point de moi, et qu'il n'y ait eu que de très petits esprits qui aient présumé que j'en pouvais être l'auteur, la vérité est pourtant que je n'ai pas regardé comme un médiocre affront de me voir soupçonné, même par des ridicules, d'avoir fait un ouvrage si ridicule.
J'ai donc cherché les moyens les plus propres pour me laver de cette infamie ; et, tout bien considéré, je n'ai point trouvé de meilleur expédient que de faire imprimer ma satire contre l'EQUIVOQUE parce qu'en la lisant, les moins éclairés mêmes de ces petits esprits ouvriraient peut-être les yeux, et verraient manifestement le peu de rapport qu'il y a de mon style, même en l'âge où je suis, au style bas et rampant de l'auteur de ce pitoyable écrit. Ajoutez à cela que je pouvais mettre à la tête de ma satire, en la donnant au public, un avertissement en manière de préface, où je me justifierais pleinement. et tirerais tout le monde d'erreur. C'est ce que je fais aujourd'hui ; et j'espère que le peu que je viens de dire produira l'effet que je me suis proposé. Il ne me reste donc plus maintenant qu'à parler de la satire pour laquelle est fait ce discours.
Je l'ai composée par le caprice du monde le plus bizarre, et par une espèce de dépit et de colère poétique, s'il faut ainsi dire, qui me saisit à l'occasion de ce que je vais vous raconter. Je me promenais dans mon jardin à Auteuil, et rêvais en marchant à un poème que je voulais faire contre les mauvais critiques de notre siècle. J'en avais même déjà composé quelques vers dont j'étais assez content. Mais voulant continuer. je m'aperçus qu'il y avait dans ces vers une équivoque de langue ; et m'étant sur-le-champ mis en devoir de la corriger, je n'en pus jamais venir à bout. Cela m'irrita de telle manière, qu'au lieu de m'appliquer davantage à réformer cette équivoque et de poursuivre mon poème contre les faux critiques, la folle pensée me vint de faire contre l'équivoque même une satire qui pût me venger de tous les chagrins qu'elle m'a causés depuis que je me mêle d'écrire. Je vis bien que je ne rencontrerais pas de médiocres difficultés à mettre en vers un sujet si sec : et même il s'en présenta d'abord une qui m'arrêta tout court : ce fut de savoir duquel des deux genres, masculin ou féminin, je ferais le mot d'équivoque, beaucoup d'habiles écrivains, ainsi que le remarque Vaugelas, le faisant masculin. Je me déterminai pourtant assez vite au féminin, comme au plus usité des deux, et bien loin que cela empêchât l'exécution de mon projet, je crus que ce ne serait pas une méchante plaisanterie de commencer ma satire par cette difficulté même.
C'est ainsi que je m'engageai dans la composition de cet ouvrage. Je croyais d'abord faire tout au plus cinquante ou soixante vers, mais ensuite les pensées me venant en foule, et les choses que j'avais à reprocher à l'équivoque se multipliant à mes yeux, j'ai poussé ces vers jusqu'à près de trois cent cinquante.
C'est au public maintenant à voir si j'ai bien ou mal réussi, et je n'emploierai point ici, non plus que dans les préfaces de mes autres écrits, mon adresse et ma rhétorique à le prévenir en ma faveur. Tout ce que je lui puis dire, c'est que j'ai travaillé cette pièce avec le même soin que toutes mes autres poésies. Une chose pourtant dont il est bon que les jésuites soient avertis, c'est qu'en attaquant l'équivoque, je n'ai pas pris ce mot dans toute l'étroite rigueur de sa signification grammaticale ; le mot d'équivoque, en ce sens-là, ne voulant dire qu'une ambiguïté de paroles ; mais que je l'ai pas, comme le prend ordinairement le commun des hommes, pour toutes sortes d'ambiguïtés de sens, de pensées, d'expressions, et enfin pour tous ces abus et ces méprises de l'esprit humain qui font qu'il prend souvent une chose pour une autre. Et c'est dans ce sens que j'ai dit que l'idolâtrie avait pas naissance de l'équivoque ; les hommes, à mon avis, ne pouvant pas s'équivoquer plus lourdement que de prendre des pierres, de l'or et du cuivre pour Dieu. J'ajouterai à cela que la Providence divine, ainsi que je l'établis clairement dans ma satire, n'ayant permis cet horrible aveuglement qu'en punition de ce que leur premier père avait prêté l'oreille aux promesses du démon, j'ai pu conclure infailliblement que l'idolâtrie est un fruit, ou, pour mieux dire, un véritable enfant de l'équivoque. Je ne vois donc pas qu'on me puisse faire sur cela aucune bonne critique ; surtout ma satire étant un pur jeu d'esprit, où il serait ridicule d'exiger une précision géométrique de pensées et de paroles.
Mais il y a une autre objection plus importante et plus considérable qu'on me fera peut-être au sujet des propositions de morale relâchée que j'attaque dans la dernière partie de mon ouvrage : car ces propositions ayant été, à ce qu'on prétend, avancées par quantité de théologiens, même célèbres, la moquerie que j'en fais peut, dira-t-on, diffamer en quelque sorte ces théologiens, et causer ainsi une espèce de scandale dans l'Eglise. A cela je réponds premièrement qu'il n'y a aucune des propositions que j'attaque qui n'ait été plus d'une fois condamnée par toute l'Eglise, et tout récemment encore par deux des plus grands papes qui aient depuis longtemps rempli le Saint-Siège. Je dis en second lieu qu'à l'exemple de ces célèbres vicaires de Jésus-Christ, je n'ai point nommé les auteurs de ces propositions, ni aucun de ces théologiens dont on dit que je puis causer la diffamation, et contre lesquels même j'avoue que je ne puis rien décider, puisque je n'ai point lu ni ne suis d'humeur à lire leurs écrits, ce qui serait pourtant absolument nécessaire pour prononcer sur les accusations que l'on forme contre eux : leurs accusateurs pouvant les avoir mal entendus et s'être trompés dans l'intelligence des passages où ils prétendent que sont ces erreurs dont ils les accusent. Je soutiens en troisième lieu qu'il est contre la droite raison de penser que je puisse exciter quelque scandale dans l'Eglise, en traitant de ridicules des propositions rejetées de toute l'Eglise, et plus dignes encore, par leur absurdité, d'être sifflées de tous les fidèles que réfutées sérieusement. C'est ce que je me crois obligé de dire pour me justifier. Que si après cela il se trouve encore quelques théologiens qui se figurent qu'en décriant ces propositions j'ai eu en vue de les décrier eux-mêmes, je déclare que cette fausse idée qu'ils ont de moi ne saurait venir que de mauvais artifices de l'équivoque, qui, pour se venger des injures que je lui dis dans ma pièce, s'efforce d'intéresser dans sa cause ces théologiens, en me faisant penser ce que je n'ai pas pensé, et dire ce que je n'ai point dit.
Voilà, ce me semble, bien des paroles, et peut-être trop de paroles employées pour justifier un aussi peu considérable ouvrage qu'est la satire qu'on va voir. Avant néanmoins que de finir, je ne crois pas me pouvoir dispenser d'apprendre aux lecteurs qu'en attaquant, comme je fais dans ma satire, ces erreurs, je ne me suis point fié à mes seules lumières ; mais qu'ainsi que je l'ai pratiqué, il y a environ dix ans, à l'égard de mon épître de l'Amour de Dieu, j'ai non seulement consulté sur mon ouvrage tout ce que je connais de plus habiles docteurs, mais que je l'ai donné à examiner au prélat de l'Eglise qui, par l'étendue de ses connaissances et par l'éminence de sa dignité, est le plus capable et le plus en droit de me prescrire ce que je dois penser sur ces matières : je veux dire M. le cardinal de Noailles, mon archevêque. J'ajouterai que ce pieux et savant cardinal a eu trois semaines ma satire entre les mains, et qu'à mes instantes prières, et après l'avoir lue et relue plus d'une fois, il me l'a enfin rendue en me comblant d'éloges, et m'a assuré qu'il n'y avait trouvé à redire qu'un seul mot, que j'ai corrigé sur-le-champ, et sur lequel je lui ai donné une entière satisfaction. Je me flatte donc qu'avec une approbation si authentique, si sûre et si glorieuse, je puis marcher la tête levée, et dire hardiment des critiques qu'on pourra faire désormais contre la doctrine de mon ouvrage, que ce ne sauraient être que de vaines subtilités d'un tas de misérables sophistes formés dans l'école du mensonge, et aussi affidés amis de l'équivoque qu'opiniâtres ennemis de Dieu, du bon sens et de la vérité.

Eternels recommencements ? On pense de nos jours avoir atteint le pire ! Pourtant , Paris , ne fut jamais un havre de paix.

LES EMBARRAS DE PARIS

Boileau nous a laissé un texte d'un réalisme surprenant . Sa description du Paris de l'époque (siècle de Louis XIV ) doit nous rendre plus modestes dans nos commentaires, qui la plupart du temps, paraissent d'un pessimisme outrancier (exagéré, souvent excessif).
En toutes choses, la réflexion et la modération doivent nous conduire à beaucoup de sagesse , de circonspection et de prudence, en vue de présenter des faits conformes à la réalité et des interprétations conduisant à des affirmations concrètes que nous avons pensé retenir et présenter à nos interlocuteurs . D'où la nécessité d'avoir de la retenue avant d'affirmer , que dans son état actuel , la ville de Paris est devenue invivable par rapport au passé .


"Qui frappe l'air, bon Dieu , de ces lugubres cris ?
Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ?
Et quel fâcheux démon, durant les nuits entières ,
Rassemble ici les chats de toutes les gouttières ?
J'ai beau sauter du lit , plein de trouble et d'effroi ; ........................5 -
Je pense qu'avec eux tout l'enfer est chez moi :
L'un miaule en grondant comme un tigre en furie ;
L'autre roule sa voix comme un enfant qui crie .
Ce n'est pas tout encor : les souris et les rats
Semblent, pour m' éveiller, s'entendre avec les chats , ..................10 -
Plus importuns pour moi, durant la nuit obscure ,
Que jamais , en plein jour , ne fut l'abbé de Pure .
Tout conspire à la fois à troubler mon repos ,
Et je me plains ici du moindre de mes maux :
Car à peine les coqs , commençant leur ramage , ............................15 -
Auront de cris aigus frappé le voisinage ,
Qu'un affreux serrurier , laborieux Vulcain ,
Qu'éveillera bientôt l'ardente soif du gain ,
Avec un fer maudit qu'à grand bruit il apprête ,
De cent coups de marteau me va fendre la tête . ............................20 -
J'entends déjà partout les charrettes courir ,
Les maçons travailler, les boutiques s'ouvrir ;
Tandis que, dans les airs, mille cloches émues ,
D'un funèbre concert font retentir les nues ,
Et se mêlant au bruit de la grêle et des vents , ................................25 -
Pour honorer les morts font mourir les vivants .

Encor , je bénirais la bonté souveraine ,
Si le ciel à ces maux avait borné ma peine ;
Mais si seul en mon lit je peste avec raison ,
C'est encor pis vingt fois en quittant la maison : ..............................30 -
En quelque endroit que j'aille , il faut fendre la presse
D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse .
L'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé ;
Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé .
Là , d'un enterrement la funèbre ordonnance ..................................35 -
D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance ;
Et plus loin des laquais , l'un l'autre d'agaçants ,
Font aboyer les chiens et jurer les passants .
Des paveurs en ces lieux me bouchent le passage ;
Là je trouve une croix de funeste présage , ......................................40 -
Et des couvreurs grimpés au toit d'une maison
En font pleuvoir l'ardoise et la tuile à foison .
Là , sur une charrette , une poutre branlante
Vient , menaçant de loin la foule qu'elle augmente ;
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant .............................................45 -
Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant .
D'un carrosse , en tournant , il accroche une roue ,
Et du choc le renverse en un grand tas de boue ,
Quand un autre , à l'instant , s'efforçant de passer ,
Dans le même embarras se vient embarrasser . .............................50 -
Vingt carrosses bientôt arrivant à la file
Y sont , en moins de rien , suivis de plus de mille ;
Et , pour surcroît de maux , un sort malencontreux
Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs .
Chacun prétend passer : l'un mugit , l'autre jure ; ..........................55 -
Des mulets en sonnant augmentent le murmure .
Aussitôt cent chevaux dans la foule appelés ,
De l'embarras qui croît ferment les défilés ,
Et partout des passants enchaînant les brigades
Au milieu de la paix font voir les barricades ; ................................. 60 -
On n' entend que des cris poussés confusément ,
Dieu pour s'y faire ouïr tonnerait vainement .

Voir la suite demain . Gerboise

samedi 15 septembre 2007

Evidences et réalités

LE GRILLON

" Il en coûte trop cher pour briller dans le monde" .

[ Un pauvre petit grillon ,
Caché dans l'herbe fleurie ,
Regardait un papillon
Voltigeant dans la prairie .
5 L'insecte ailé brillait des plus vives couleurs :
L'azur , le pourpre et l'or éclataient sur ses ailes ;
Jeune , beau , petit-maître , il court de fleurs en fleurs
Prenant et quittant les plus belles .
" Ah ! Disait le grillon , que son sort et le mien
10 Sont différents ! Dame nature
Pour lui fit tout , et pour moi rien .
Je n'ai point de talent , encor moins de figure ;
Nul ne prend garde à moi , l'on m'ignore ici-bas :
Autant vaudrait n'exister pas ."
15 Comme il partait , dans la prairie
Arrive une troupe d'enfants :
Aussitôt les voilà courants
Après ce papillon , dont ils ils ont tous envie .
Chapeaux , mouchoirs , bonnets , servent à l'attraper ;
20 L'insecte vainement cherche à leur échapper ,
Il devient bientôt leur conquête .
L'un le saisit par l'aile , un autre par le corps ;
Un troisième survient et le prend par la tête :
Il ne fallait pas tant d'efforts
25 Pour déchirer la pauvre bête !
" Oh ! Oh ! Dit le grillon , je ne suis plus fâché :
Il en coûte trop cher pour briller dans le monde ;
Combien je vais aimer ma retraite profonde ! "]

Pour vivre heureux , vivons caché ".

Jean-Pierre Claris de Florian ( 1755 - 1794 ) .

Pouvez-vous répondre aux questions suivantes .

0 Pourquoi le grillon est-il appelé "pauvre et petit" ?
1¤ Quelle est la signification du mot "pauvre", dans le premier vers ?
2¤ Pourrait-on remplacer "regardait" par voyait ? ( 3ème vers)
3 Dites le sens particulier des synonymes voler, voleter, "voltiger" ( 4ème vers) .
4 Remplacez, au 4ème vers, "dans la prairie" , par une autre expression .
5 Par quelles expressions est désigné le papillon aux 5e, 7e et 25e vers ?
6 Pourquoi remplace-t-on "papillon" par "insecte ailé" ?
7 Tous les insectes ne sont-ils pas ailés ?
8 Qu 'y-a-t-il de particulier sur les ailes du papillon ?
9 Quelle différence y a-t-il entre "la pourpre" et "le pourpre" ?
10 Quel est le sens de "éclataient" ? ( 6ème vers)
11 Ce mot ne sert-il pas aussi à exprimer le "son" et la "rupture" ?
12 Par quels mots pourrait-on remplacer "sort", dans le 9ème vers?
13 Qu'est-ce que le "talent" ? ( 12ème vers)
14 Que signifie l'expression : " Je n'ai point de figure" ?
15 Que signifie l' expression " prendre garde " ? ( 13ème vers)
16 Comment le grillon résume -t-il ou conclut-il son discours ?
17 N'y a-t-il pas une faute d'orthographe dans le 17 ème vers ?
18 Pourquoi supprime-t-on les articles devant les noms du 19 ème vers ?
19 Quel est le sens du mot "attraper" ?
20 Par quel autre verbe pourrait-on le remplacer ?
21 Remplacez le mot "pauvre " par un synonyme, dans le 25 ème vers .
22 Quel est le sens de " être fâché ?
23 De qui le papillon peut-il être l'emblème ( ) dans cette fable ?
24 De qui le grillon peut-il être l'emblème dans la première partie de cette fable ?
25 Citez deux vers pouvant servir de moralité .
26 Dans quel but Florian a-t-il fait ce récit ?
27 Comment ce récit est-il instructif ?
28 Comment cette fable est-elle intéressante ?
29 Tracez, d'après cette fable, le caractère du grillon .
30 Les enfants dont il est parlé dans cette fable se conduisent-ils d'une manière convenable ?
31 Quel enseignement nous donne la situation et la conduite du grillon ?
32 Donnez quelques détails sur l'auteur .
33 Quelles sont ses principales œuvres ?

Bonne lecture et bonnes réflexions . Les réponses seront apportées par Gerboise dans une huitaine de jours . Bien à vous .

mercredi 12 septembre 2007

Commentaires illustratifs, en vue de " tirer au clair " le jugement, la morale exprimée dans une fable de La Fontaine

LE RAT ET L'ÉLÉPHANT

"Un rat des plus petits voyait un éléphant
Des plus gros , et raillait le marcher un peu lent
De la bête de haut parage ,
Qui marchait à gros équipage .
Sur l'animal à triple étage ..............................................................5
Une sultane de renom ,
Son chien, son chat et sa guenon,
Son perroquet , sa vieille , et toute sa maison ,
S'en allait en pèlerinage .
Le rat s'étonnait que les gens .......................................................10
Fussent touchés de voir cette pesante masse ;
" Comme si d'occuper ou plus ou moins de place
Nous rendait, disait-il , plus ou moins important !
Qu ' admirez-vous donc tant en lui, vous autres hommes ?
Serait-ce ce grand corps qui fait peur aux enfants ? ................15
Nous ne nous prisons pas, tout petits que nous sommes ,
D'un grain moins que les éléphants ."
Il en aurait dit davantage ;
Mais le chat , sortant de sa cage ,
Lui fit voir en moins d'un instant ................................................20
Qu'un rat n'est pas un éléphant .


Jean de La Fontaine

Le Thème général

La Fontaine a pour but dans cette fable de donner un exemple de notre vanité française .
Pour ce dessein, il nous montre un rat qui, voyant passer un éléphant, prétend valoir autant que lui , et qu'un chat ramène un peu brutalement à une plus saine raison .
Et le choix des personnages est tel, que la seule indication du sujet laisse deviner ce qu'il doit contenir de mordante raillerie .

Le Plan

Le plan est extrêmement simple et net . Trois parties :



1¤ Présentation des personnages : cinq mots sur le rat ; huit vers et demi sur l'éléphant ; cette seule disproportion dans le développement du portrait rend, avec une netteté piquante, la disproportion des individus .
2¤ Sentiments et réflexions du rat : huit vers , ainsi l'étendue même du développement montre que le rat se fait, par ses prétentions, l'égal de l'éléphant .
3¤ Dénouement : intervention du chat ; quatre vers rapides dont la rapidité même montre le peu de chose qu'est en réalité le rat .


Explication littérale

1* Le vocabulaire offre peu de difficultés et ne donne lieu qu'à un petit nombre de remarques, portant pour la plupart sur des mots ou sur des sens anciens .
Parage : d'origine incertaine (qui ne se rattache pas sûrement à l'adjectif pair d 'où il tirerait le sens d'ailleurs plausible de : égalité de condition , de naissance ), signifie d'une façon générale extraction et ne s'emploie guère au singulier qu'avec l'adjectif haut .
A gros équipage : à signifie ici, avec , comme souvent au XVIIème siècle, par exemple dans cette expression de Corneille :" Me payer à bons coups" . Dans l'ancienne langue à et de pouvaient remplacer toutes les autres prépositions . On retrouve le même emploi de à dans le vers suivant : à triple étage ,et il est resté dans des expressions du genre de pot à anse , chapeau à plume , tirer á mitraille , etc. -- Équipage a un sens plus étendu qu'aujourd'hui ; il
Désigne, d'une façon générale, la manière dont quelqu'un est équipé, son vêtement, et tout ce qui l'accompagne, gens, bêtes et choses ; il ne désigne plus d'ordinaire aujourd'hui que la voiture .
Triple étage : ces trois étages sont : 1- la hauteur de ses jambes ; 2- le corps proprement dit ; 3- l'espèce de palanquin qu'il porte .
Sa vieille est une expression familière et comique pour désigner sa gouvernante, la duègne des Espagnols .
Sa maison ne désigne pas seulement, comme dans l'emploi ordinaire d'aujourd'hui, l'ensemble de sa domesticité (gens de maison, train de maison, gouverner sa maison) , mais tous les personnages attachés à la suite d'un grand, y compris les troupes de sa garde (la maison du Roi ; on dit encore la maison militaire du président de la République) . C'est donc ici : sa suite .
Touchés a un sens plus fort qu'aujourd'hui : c'est fortement émus, ici d'admiration . C'est un phénomène fréquent de la vie des mots que cet affaiblissement de leur sens .
Priser , dérivé de prix , c'est donner du prix à quelque chose , apprécier, estimer ; on dit encore dans ce sens : une prisée, c'est-à-dire une estimation ;un commissaire priseur, --Le contraire mépriser est, au propre, ne pas donner de prix à quelque chose, ne lui reconnaître aucune valeur .
Tout petits , c'est, à la fois, quoique nous soyons petits et si petits que nus soyons .
Le grain est la 72ème partie du gros , une ancienne mesure pesant environ 4 grammes .

2* La Syntaxe ne présente que trois faits intéressants :

L'emploi de l'infinitif comme nom avec l'article ( 2ème vers ), le marcher, pour l'allure, la démarche, emploi analogue à celui de le manger et le boire .
L'emploi encore usité aujourd'hui, mais plus rare, de l'infinitif sujet, d'occuper (12ème vers) , précédé d'un de explétif, qui sert seulement à annoncer l'infinitif comme dans "il est honteux de mentir" .
Enfin l'accord du verbe s'en aller (9ème vers), au singulier malgré la pluralité des sujets, parce que, pour le sens, il s'accorde uniquement avec sultane , les autres noms n'étant que de sortes d'appositions à ce sujet unique .

Explication littéraire

1* Le style : On retrouve dans cette fable, avec beaucoup d'esprit, le pittoresque et la vivacité habituelle de La Fontaine . Voyez, par exemple, l'impression d'énormité que donne la description de l'éléphant, avec cette accumulation de qualificatifs gros , haut parage, gros équipage, triple étage ; et l'accumulation de tout ce qu'il porte : la sultane, son chien, son chat, etc. -- Voyez le ton important du rat, qui, si petit rat qu'il soit, s'étonne de l'étonnement des gens et de la peur des enfants, et émet de prétentieuses maximes .Mais voyez aussi avec quelle vivacité et quel esprit l'auteur le rappelle brusquement au juste sentiment de la mesure .

2* La versification aide à ces effets : pour peindre l'éléphant et son allure, deux longs vers d'abord, avec un rejet ( des plus gros ), comme si l'alexandrin lui-même n'était pas assez ample pour l'objet ; puis une succession pressée de petits vers qui semblent s'entasser, avec une double série de rimes trois fois redoublées, finissant sur un nouvel alexandrin qui semble comme le couronnement, le chapiteau de l'édifice .
Les sentiments du rat se développent majestueusement dans une véritable strophe de huit vers (4 rimes embrassées, 4 rimes croisées), formée de six alexandrins enfermés dans deux petits vers, qui servent à peindre vivement l'un son étonnement, le second ses prétentions .
Enfin le dénouement se précipite en quatre petits vers à rimes plates, rapides comme le dénouement lui-même .

Jugement

Cette fable peint très vivement la sottise des vaniteux, des prétentieux .On peut, par suite, la rapprocher d'autres fables ( par exemple : La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ) .
Mais peut-être La Fontaine est-il un peu injuste à l'égard des Français, en prétendant voir dans le rat note image ; non qu'il n'y ait chez nous des sottises de ce genre, mais ce défaut ne saurait être purement national ; c'est un défaut humain qui peut se trouver partout . Ainsi la fable montre en même temps la souplesse de l'art de La Fontaine et la portée universelle de sa morale .

Voici un exemple de discussion approfondie à propos d'un texte appartenant à notre patrimoine . L'analyse présentée ici , pourra servir de modèle pour une étude exhaustive, en vue de bien comprendre les idées conçues par un auteur .

Bien à vous, Gerboise .

lundi 10 septembre 2007

Réalisme et Réalité . La Vérité souvent relative, parfois incontestable est difficile à authentifier : Claude Allègre dans "Ma vérité sur la planète"

Aborde cette réalité avec ses compétences, sa franchise , son courage et son réalisme .



Son livre : Ma vérité sur la planète, publié chez Plon (Fayard), Avril 2007, 18 euros , est une telle source d'informations et de pédagogie, qu'il doit " faire autorité " et servir de référence pour tous ceux qui désirent accéder à une compréhension de grande qualité des phénomènes concernant notre planète Terre . Son contenu pourra servir également de repère à toutes les personnes qui s'insurgent d'être souvent manipulées par des individus "sans foi ni loi" . Des concepts, extraits de cet ouvrage seront utilisés par Gerboise, dans divers contextes de notre blog, ainsi que la logique constructive qui se retrouve tout le long de son contenu . Nous vous recommandons vivement de vous procurer l'ouvrage chez un libraire, ou de le consulter dans une bibliothèque .

Claude Allègre est professeur émérite à l'Institut universitaire de France, à l'université Denis Diderot et à l'Institut de physique du globe de Paris . Il est membre de l' Académie des Sciences, de l' Académie des sciences des Etats-Unis et de l'Inde et de la Royal Society . Il est, entre autres livres, l'auteur d'un Dictionnaire amoureux de la science , que Gerboise doit présenter et commenter dans quelques jours .

" Une fois encore , nécessité oblige , Claude Allègre remet les pendules à l'heure car, s'il est inopportun pour l'avenir de notre société d'accorder le moindre crédit aux marchands d'illusions , il est tout aussi urgent de mettre un frein aux pleurnicheries écologiques "(L' éditeur) .

" ... La tonalité du discours que l'on entend ces temps-ci , c'est d'une part le catastrophisme et d'autre part la recommandation d'un retour en arrière, d'un arrêt de la croissance économique, du non-développement du tiers-monde, bref, c'est l'arrêt du progrès . C'est l'avènement d'un monde de la frugalité .
Pour défendre cette manière de voir, on n'hésite pas à tout mélanger, à tout exagérer, afin d'inoculer aux populations traumatisées le pire des virus : celui de la peur .
Ce livre est d'abord et avant tout une réaction contre un éco-intégrisme qui, s'il était mis en oeuvre, mènerait nos sociétés, en particulier l' Europe, cible privilégiée des Cassandres, à la ruine, accroîtrait les inégalités et maintiendrait les pays du Sud dans leur sous-développement ...
... C'est un message d'espoir pour des millions d'hommes et de femmes qui souffrent et qu'on cherche à plonger dans l'ignorance, pour les jeunes qui s'interrogent et à qui je veux dire que les magnifiques défis qu'ils auront à relever leurs donneront, comme à nous, le droit au bien-être ." (introduction de l'ouvrage)

Certaines parties de ce livre pourraient faire l'objet d'échanges fructueux entre Gerboise et ceux qui , passionnés par ces thèmes, aimeraient entreprendre des discussions constructives .

A bientôt, Gerboise

dimanche 9 septembre 2007

Premières clartés du matin : Sensations , perceptions du monde avec lequel nous échangeons et nous communiquons .

Pourquoi des personnes qui regardent la même chose, le même objet, le même être vivant, voient-elles chacune d'entre elles , un aspect parfois totalement différent ; en fait, pourquoi décrivent-elles un contexte souvent méconnaissable relativement à ce qui devrait se voir ? : c'est , ainsi qu'on le dit , "comme le jour et la nuit" !
Qui dit vrai à propos de la chose vue ? regardée ? Y a-t-il un réel ou une fausse apparence, dans ces différentes "visions" des choses ?
Qu'est-ce qui vous rend si sûr de vous-même dans la description d'un évènement auquel vous avez assisté ? (un accident, une interaction entre des personnages, un phénomène naturel ) . Le simple fait d'avoir été là et de vous fier à vos sens est-il suffisant ? (n'avez vous pas, par votre présence, influencé les interlocuteurs , le contexte ?) Voyez-vous les choses comme elles sont, comme vous voudriez qu'elles soient ou comme vous êtes ? La beauté, l'ensemble des qualités sont-elles dans l'oeil du spectateur, dans le vôtre ? Si c'est le cas, que communiquez-vous vraiment lorsque vous parlez, par exemple, à quelqu'un des mérites du guide dans un musée où sont exposées des peintures, des sculptures ; ou de l'intérêt d'un film regardé la veille ou la semaine précédente ...?

La communication est essentiellement un processus de structuration de la réalité à travers la perception et la symbolisation . Notre manière de réaliser cette structuration façonne l'information que nous retirons de toutes les stimulations qui nous entourent et, de là, façonne l'image que nous nous faisons du monde . Cet énoncé est fondamental parce que notre comportement est basé sur l'image que nous nous formons de ce monde, sur l'expérience que nous tirons des évènements, des personnes et des choses, sur la perception que nous avons de la réalité .

Cette perception n'est pas quelque chose qui nous arrive au hasard . Nous ne sommes ni des récipients d'information, ni des non-participants, ni des contenants passifs de stimulations . En fait, nous sommes des partenaires actifs et des acteurs importants de ce qui se passe "au dehors" . Effectivement, nous sélectionnons et choisissons ce que nous percevons, ce que nous regardons ; nous organisons les stimulations sensorielles et nous les interprétons dans le cadre d'une image cohérente et significative de notre monde . Nous faisons tout cela très rapidement, automatiquement et souvent inconsciemment, mais néanmoins nous le faisons . Littéralement, nous créons ce que nous voyons . Il nous faudra expliquer ce qui semble être un paradoxe et discuter ce que nous pouvons percevoir lorsque nous sommes en mesure de répondre à des stimulations de notre environnement .

Voici un beau programme de réjouissances, en vue de nous insérer" pleinement" dans tous les domaines de la connaissance . En attendant, bien à vous, Gerboise .

samedi 8 septembre 2007

Premières clartés du matin : Jeux de l'indécision; Jeux de mots; Jeux d'esprit ; Jeux avec notre belle langue .

"On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort . C'est difficile de juger . Moi, j'ai longtemps donné raison à tout le monde . Jusqu'au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort ! Donc , j'avais raison ! Par conséquent , j'avais tort ! Tort de donner raison à des gens qui avaient tort de croire qu'ils avaient raison ".

Raymond DEVOS , Matière à rire , " A tort ou à raison " Ed. Plon , 1993 .

vendredi 7 septembre 2007

Premières clartés du matin : Abstraire ,isoler par la pensée.(")

"Plus une idée a de simplicité, plus elle a de généralité ; plus une idée est abstraite, plus elle a d'étendue . Nous débutons par le concret, et nous allons à l'abstrait, nous débutons par le déterminé et le particulier pour aller au simple et général"

Victor Cousin, Histoire de la philosophie moderne, 1829 .

( " ) distinguer ; s'abstraire : se détacher de ; faire abstraction de : écarter, exclure, laisser de côté .
On abstrait une chose en la séparant de tout le reste et en la considérant isolément .
Abstrait : qui est difficile à comprendre ; se dit d'un art qui ne représente pas le monde sensible (réel ou imaginaire ) .

A bientôt, Gerboise .

jeudi 6 septembre 2007

Méconnaissance des concepts scientifiques : constat et conséquences .

"Il est étrange, en effet, qu'une société connaissant aussi bien que la nôtre la force des concepts et des méthodes de la science, n'ait pas utilisé ces concepts et ces méthodes dans l'organisation de sa propre vie . La science nous avait donné la maîtrise de presque tout ce qui se trouve à la surface de la terre . Elle pouvait nous donner aussi la maîtrise de nous-mêmes et assurer la réussite de notre existence individuelle et sociale . Mais nous avons préféré à ses clairs et simples concept les jeux de la pensée philosophique du dix-huitième siècle .

Nous avons stagné dans les abstractions au lieu de nous avancer vers la réalité concrète . Certes, la réalité concrète est difficile à saisir et notre esprit aime le moindre effort . Peut-être la paresse naturelle de l'homme lui fait-elle choisir la simplicité de l'abstrait, plutôt que la complexité du concret . Il est moins ardu de psalmodier (réciter sur un ton monotone sans marquer d'intérêt pour ce que l'on dit) des formules ou de somnoler (être inactif , ne pas s'exprimer) sur des principes que de chercher laborieusement comment les choses sont faites et par quels procédés il faut les manier . Observer est moins facile que raisonner . Comme on le sait, peu d'observations et beaucoup de raisonnements conduisent à l'erreur ; beaucoup d'observations et peu de raisonnements, à la vérité . Mais il y a un plus grand nombre d'esprits capables de faire des syllogismes (raisonnement déductif rigoureux fonctionnant sur lui-même et sans lien avec le réel) que de saisir exactement le concret . C'est pourquoi l'humanité s'est toujours plu à jouer avec les abstractions, bien que ces abstractions lui donnent une vision incomplète et parfois totalement fausse de la réalité . Une chose logiquement vraie peut être pratiquement fausse . La cosmologie d'Aristote (philosophe grec , -384 à -322 , qui créa le Lycée à Athène) et celle de Saint Thomas d'Aquin (théologien et philosophe italien , 1225 à 1274 ) ne sont-elles pas tout à fait erronées ? La géométrie de Rieman (théoricien et mathématicien allemand ,1826 à 1866) n'est pas moins logique que celle d' Euclide (mathématicien grec , -325 à -265) ; néanmoins elle ne s'applique pas à notre monde . Pour ne pas se tromper dans la poursuite du réel, il importe de se baser, non sur des vues de l'esprit mais sur les résultats de l'observation et de l'expérience .

Les nations démocratiques méconnaissent la valeur des concepts scientifiques dans l'organisation de l'existence collective . Elles mettent leur confiance dans les idéologies ; surtout l'idéologie libérale et l'idéologie marxiste, ces filles jumelles du rationalisme du siècle des lumières .
Or, ni le libéralisme (ensemble des doctrines économiques fondées sur la non intervention de l'état dans les entreprises, les échanges, le profit) , ni le marxisme (ensemble des conceptions élaborées par Marx et Engels, centré sur la critique de l'économie politique bourgeoise et l'étude scientifique du mode de production capitaliste) ne se sont basés sur une observation exhaustive de la réalité .
Les Pères du libéralisme , Voltaire et Adam Smith (philosophe et économiste écossais , 1723 à 1790) , avaient du monde humain une conception aussi arbitraire et incomplète que Ptolémée (géographe, astronome et astrologue grec, ,90 à 168) du monde sidéral . Il en était de même des signataires de la déclaration d'indépendance et des auteurs de la déclaration des Droits de l' Homme et du Citoyen, de même aussi de Karl Marx (activiste politique, philosophe et théoricien allemand , 1818 à 1883 ) et de Engels (philosophe et théoricien allemand , 1820 à 1895) ( ... ) Les encyclopédistes avaient un profond respect pour les possédants et méprisaient les pauvres . Nos ancêtres de la Révolution française croyaient sincèrement à l'existence des droits de l'homme et du citoyen . Ils ne se doutaient pas que de tels droits n'ont jamais été constatés par l'observation, qu'ils sont seulement des constructions de l'esprit . A la vérité, l'homme n'a pas de droits, mais il a des besoins . Ces besoins sont observables et mesurables . Il est nécessaire à la réussite de la vie qu'ils soient satisfaits . Le droit est un principe philosophique, le besoin, un concept scientifique .
Dans l'organisation de notre vie collective, nous avons préféré nos caprices (disposition de l'esprit à des enthousiasmes passagers, à des changements brusques dans l'humeur, les résolutions ou les sentiments, inconstance) intellectuels aux données de la science et le triomphe des idéologies (ensemble plus ou moins cohérent des idées, des croyances et des doctrines philosophiques, religieuses, politiques, économiques, sociales, propre à une époque, une société, une classe , et qui oriente l'action) consacre la défaite de la civilisation" .

Docteur Alexis Carrel .

Nous insérerons ces réflexions lors de nos prochaines discussions concernant les rôles de la Science dans notre société .
A bientôt, Gerboise .

mercredi 5 septembre 2007

Premières clartés du matin : Sagesse

" Le crédule se perd dans un dédale d'inconséquences ; l'homme sensé examine, discute, afin d'être d'accord dans ses opinions ; et l'homme de bonne foi supporte la contradiction, parce qu'elle seule fait naître l'évidence" .
Constantin-Frrançois de Volney , Les Ruines , 1791 .

mardi 4 septembre 2007

Gerboise dans la Cité des Corsaires (") : Saint-Malo

Gerboise est devenue , en ce mois de Septembre , Malouine .
Cela n'a pas été facile d'éviter une rupture de publication de nos "billets" ( ne l'ayant pas prévue , nous n'avions laissé aucun message d'avertissement) indépendante de notre volonté .
Les connections par Wifi en vue d'obtenir le Réseau ne sont pas toujours faciles lors d'un voyage, où certains hôtels "Vieille France" ! pleins du charme d'antan et d'effluves odorantes de cuisine de terroir français , sont toujours équipés des anciennes installations téléphoniques incompatibles avec l'accès à Blooger .

Enfin, nous sommes arrivé à bon port, en cette ville accueillante, en un lieu où règnent en symbiose, les cheminées de granite à l'ancienne et les moyens de communication contemporains . Ici ...

"Le spectacle de la mer fait toujours une impression profonde ; elle est l'image de cet infini qui attire sans cesse la pensée, et dans lequel sans cesse elle va se perdre" .

Germaine de Staël , Corinne ou l'Italie , 1807 .

"CHEVALIERS DE LA MER
NI PIRATE NI FLIBUSTIER
CORSAIRE SUIS ! "

( ") Les Corsaires : étaient des marins de métier . En temps de guerre, ils recevaient pour une certaine période des LETTRES DE MARQUE leur donnant le droit de capturer, sur ordre de leur Souverain, les vaisseaux de commerce ennemis, de vendre des marchandises prises et de garder une partie importante du bénéfice . Les plus célèbres Corsaires Malouins furent Duguay-Trouin et Surcouf .
Les Pirates , aventuriers qui couraient les mers pour se livrer au brigandage étaient carrément des bandits de grands chemin, n'ayant qu'une idée : piller, voler et éventuellement tuer .
Les Flibustiers, représentaient, d'une certaine manière, le niveau intermédiaire entre Pirates et Corsaires . Ils obéissaient à certaines règles qui leurs étaient propres, mais ne reconnaissaient aucune autorité légale . Excellents marins, ils opéraient essentiellement dans la zone des Antilles .
A bientôt , Gerboise .