dimanche 16 septembre 2007

Eternels recommencements ? On pense de nos jours avoir atteint le pire ! Pourtant , Paris , ne fut jamais un havre de paix.

LES EMBARRAS DE PARIS

Boileau nous a laissé un texte d'un réalisme surprenant . Sa description du Paris de l'époque (siècle de Louis XIV ) doit nous rendre plus modestes dans nos commentaires, qui la plupart du temps, paraissent d'un pessimisme outrancier (exagéré, souvent excessif).
En toutes choses, la réflexion et la modération doivent nous conduire à beaucoup de sagesse , de circonspection et de prudence, en vue de présenter des faits conformes à la réalité et des interprétations conduisant à des affirmations concrètes que nous avons pensé retenir et présenter à nos interlocuteurs . D'où la nécessité d'avoir de la retenue avant d'affirmer , que dans son état actuel , la ville de Paris est devenue invivable par rapport au passé .


"Qui frappe l'air, bon Dieu , de ces lugubres cris ?
Est-ce donc pour veiller qu'on se couche à Paris ?
Et quel fâcheux démon, durant les nuits entières ,
Rassemble ici les chats de toutes les gouttières ?
J'ai beau sauter du lit , plein de trouble et d'effroi ; ........................5 -
Je pense qu'avec eux tout l'enfer est chez moi :
L'un miaule en grondant comme un tigre en furie ;
L'autre roule sa voix comme un enfant qui crie .
Ce n'est pas tout encor : les souris et les rats
Semblent, pour m' éveiller, s'entendre avec les chats , ..................10 -
Plus importuns pour moi, durant la nuit obscure ,
Que jamais , en plein jour , ne fut l'abbé de Pure .
Tout conspire à la fois à troubler mon repos ,
Et je me plains ici du moindre de mes maux :
Car à peine les coqs , commençant leur ramage , ............................15 -
Auront de cris aigus frappé le voisinage ,
Qu'un affreux serrurier , laborieux Vulcain ,
Qu'éveillera bientôt l'ardente soif du gain ,
Avec un fer maudit qu'à grand bruit il apprête ,
De cent coups de marteau me va fendre la tête . ............................20 -
J'entends déjà partout les charrettes courir ,
Les maçons travailler, les boutiques s'ouvrir ;
Tandis que, dans les airs, mille cloches émues ,
D'un funèbre concert font retentir les nues ,
Et se mêlant au bruit de la grêle et des vents , ................................25 -
Pour honorer les morts font mourir les vivants .

Encor , je bénirais la bonté souveraine ,
Si le ciel à ces maux avait borné ma peine ;
Mais si seul en mon lit je peste avec raison ,
C'est encor pis vingt fois en quittant la maison : ..............................30 -
En quelque endroit que j'aille , il faut fendre la presse
D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse .
L'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé ;
Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé .
Là , d'un enterrement la funèbre ordonnance ..................................35 -
D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance ;
Et plus loin des laquais , l'un l'autre d'agaçants ,
Font aboyer les chiens et jurer les passants .
Des paveurs en ces lieux me bouchent le passage ;
Là je trouve une croix de funeste présage , ......................................40 -
Et des couvreurs grimpés au toit d'une maison
En font pleuvoir l'ardoise et la tuile à foison .
Là , sur une charrette , une poutre branlante
Vient , menaçant de loin la foule qu'elle augmente ;
Six chevaux attelés à ce fardeau pesant .............................................45 -
Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant .
D'un carrosse , en tournant , il accroche une roue ,
Et du choc le renverse en un grand tas de boue ,
Quand un autre , à l'instant , s'efforçant de passer ,
Dans le même embarras se vient embarrasser . .............................50 -
Vingt carrosses bientôt arrivant à la file
Y sont , en moins de rien , suivis de plus de mille ;
Et , pour surcroît de maux , un sort malencontreux
Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs .
Chacun prétend passer : l'un mugit , l'autre jure ; ..........................55 -
Des mulets en sonnant augmentent le murmure .
Aussitôt cent chevaux dans la foule appelés ,
De l'embarras qui croît ferment les défilés ,
Et partout des passants enchaînant les brigades
Au milieu de la paix font voir les barricades ; ................................. 60 -
On n' entend que des cris poussés confusément ,
Dieu pour s'y faire ouïr tonnerait vainement .

Voir la suite demain . Gerboise

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