dimanche 13 avril 2008

La curiosité (*) :l'intérêt, la soif de connaître ou l'indiscrétion, l'originalité et la nouveauté .

(*) alors qu'attentions indique simplement que l'esprit est attiré par une personne ou une chose ou se fixe sur elles pour les observer, curiosité est une tendance qui suppose une attention de l'intelligence provoquée par le désir d'apprendre des choses nouvelles ou rares , de voir de belles peintures , d'entendre une mélodie , de goûter de nouvelles saveurs , de sentir le parfum d'une rose, d'apprécier la qualité d'un tissu inconnu , de connaître au sens scientifique du terme ; tout ceci étant contraire à l'indifférence .


-Le curieux : celui [actif] qui cherche à savoir, à connaître .


En bonne part : celui qui est mu par le besoin de découvrir de nouvelles choses : un esprit curieux de réaliser des expériences nouvelles .


En mauvaise part : celui chez qui le besoin de savoir tourne à l'indiscrétion, à la curiosité malsaine . Ce visiteur venu au laboratoire était trop curieux .


-Ce [ passif] qui excite la curiosité .


En bonne part : qui attire l'attention par ses qualités, sa rareté . Des formes cristallines curieuses donnaient à cette pierre précieuse un charme indiscutable .


En mauvaise part : qui attire l'attention par ses caractères négatifs . Ce chercheur avait un comportement très curieux , nous l'avons surpris entrain de consulter des documents confidentiels .


C'est seulement avec ces valeurs passives que l'épithète (qualificatif ) peut précéder le nom, mais elle peut aussi se trouver après lui ; la nuance est délicate : une curieuse histoire marque l'inquiétude ; une histoire curieuse marque plutôt l'intérêt .





" L'ignorance et l'incuriosité sont deux oreillers fort doux; mais pour les trouver tels, il faut avoir la tête aussi bien faite que Montaigne " [Diderot, Pensées Philosophiques, XVII) .



"L'incuriosité est souvent l'oeuvre funeste (déplorable, désastreuse, préjudiciable) du milieu éducateur . L'enfant déconcerte (surprend, déstabilise) et parfois irrite par ses questions en fusée (très vives) . Y répondre de biais (en se dérobant) , par des mensonges grossiers, ou les rabrouer (envoyer balader) , en ricaner, replie (enferme) définitivement sur elle-même l'intelligence enfantine : or, le repli est la porte ouverte, par inhibition (par blocage) , à l'obtusion (abrutissement) " [ E. Mounier, Traité du caractère, 662, éditions du Seuil, 1946 ] .



Nous pouvons déjà nous rendre compte qu'il n'est pas de mot plus banal que celui de curiosité, il n'en est pas de moins précis . Tantôt il se dit d'une tendance : la curiosité, et parfois de l'objet propre à la solliciter : une curiosité ; dans d'autres cas il exprime la louange : un esprit curieux , un esprit qui cherche, qui désire savoir, et le plus souvent le blâme : une personne trop curieuse . Il n'est pas non plus d'inclination (disposition) qui ait été plus diversement jugée : les uns la dénigrent ( discréditer, détracter, accuser) et n'en parle qu'avec une sorte de mépris, comme d'un travers qui rend les gens sots, gênants ou dangereux, tandis que les autres l'exaltent (rehausser, glorifier, porter aux nues, mettre sur un piédestal, célébrer) et y voient à la fois un précieux stimulant de l'intelligence et l'origine même de la science ; elle n'apparaît aux premiers que comme un besoin qu'éprouve l'esprit de ne pas rester inactif, besoin qui le porte à s'occuper des choses les plus futiles (insignifiantes, superficielles) , à être en quête de nouveau, et ils lui opposent l'amour du vrai, inclination (être porté sur, préférence) supérieure et désintéressée ; pour les seconds , quelles que soient les différences dans son objet, dans son point d'application, dans son intensité, elle reste toujours identique à elle-même .



De nombreuses questions se posent , comme toujours, lorsque nous avons à analyser un concept aux multiples sens , qui dépendent du contexte dans lequel il s'applique , telles que :

-en fait qu'est-ce que la curiosité, réellement ?

-quelles formes essentielles revêt-elle et qu'elle est la valeur de chacune d'elles ?

-quelles anomalies présente-t-elle parfois ?

-quelle curiosité l'éducateur doit-il réprimer et pourquoi ?

-quelle curiosité doit-il encourager et par quels moyens ?

Nous reprendrons toutes ces interrogations dans un prochain billet. Nous n'avons , ici, fait qu'effleurer le sujet en vue de vous montrer son intérêt et ses difficultés (ambiguïtés, équivoques et incertitudes) , ce dont vous êtes déjà conscients, nous en sommes certains . Bien à vous, Gerboise .

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