mercredi 10 septembre 2008

Eléments de l'inspiration : "souffle créateur"qui anime tout être qui réfléchit aux arts et à la science; idée, résolution spontanée,soudaine.



Les impressions
:( première partie) c'est à dire les effets qu'une cause produit sur une personne, ici , les sensations éprouvées . 

Il est nécessaire d'admettre que toutes modification , toute amélioration introduite à dessein dans le ~complexe~ d'un Être humain , modifiera, améliorera, par voie de conséquence, la teneur et la valeur même du comportement en ce qui concerne la façon de s'exprimer dans son écriture et parfois oralement . Cet aspect remarquable de l'expression par le langage écrit, ou " style " : rapport privilégié et personnel des tournures liant les manières de dire et le contenu , cette manière particulière de traiter la matière et les formes dans la réalisation de toute œuvre d'art , cette manière personnelle d'agir, de se comporter , est la caractéristique la plus profonde qui va le caractériser toute sa vie . Ce signe distinctif de la personne pourra évoluer dans le temps , bien sûr, mais "comme une marque de fabrique" ces caractères imprégneront , pénétreront et influenceront cet "Être" de la même manière que son éducation l'a imprégné de certaines croyances, de préjugés, donc d'idées reçues, toutes faites , très difficiles à métamorphoser et même à évacuer .
Lorsque l'on considère avec soin ces deux facteurs, modification et amélioration , une difficulté surgit car ils n'apparaissent pas toujours solidaires en pratique . Des hommes de valeur médiocre, mais ayant reçu en partage le don charmant d'écrire, ne donnent-ils pas le fréquent spectacle d'une insignifiance habile à s'épancher en phrases mélodieuses ?

A l'encontre de ceux qui savent, mais se taisent, faute d'aptitude à s'exprimer, une foule de "petits grands hommes"( !) vont vaticinant (prédisant, prophétisant, déraisonnant) sur toutes choses, tranchant par-ci, rognant par-là, concluant avec aplomb ( assurance) sur les sujets les plus étrangers, les plus notoirement inaccessibles à leur compétence .
Toute objection visant l'opportunité d'une pédagogie stylistique se résout d'elle-même, puisque dès le début, nous avons tenu pour indispensable un minimum d'innéités ( dispositions naturelles) . Là où manque le muscle , l'exercice devient impraticable ; là où fait défaut l'embryon d'une faculté, aucun entraînement ne saurait s'effectuer . Il y faut au moins le germe ( la semence, le point de départ) , la vague étoffe d'une tendance et pour chétive ( dérisoire) que soit celle-ci, sa culture en deviendra légitime, plus que cela encore nécessaire .
Quelle qu'en soit la forme, toute réalisation d'écriture s'appuie sur une idée à orner, sur un fait à décrire, sur une substruction ( base, fondement, structure initiale) à édifier . Or c'est le plus souvent cette substance mère (originelle, nourricière) qui fait défaut ."On se tirerait fort bien d'écrire" , disent certains, si l'on savait au juste quoi dire .
Cette déficience ( défaillance) , cette carence (absence) de l'idée inspiratrice, par quels moyens la combler ?

Toute idéologie, de la plus banale à la plus élevée, repose sur un substrat (ce qui sert de support stable à une existence, à une action) d'observation , de réflexion et d'imagination , celle-ci se résorbant ( résorber : disparaître progressivement, se fondre dans ...) finalement en celle-là . L'imagination revient, en dernière analyse, à dissocier, à fragmenter les données de l'observation . Issue de cette dernière, la puissance créatrice vise à élaborer du nouveau avec de l'accoutumé (habitude), à brocher (relier, exécuter à la hâte) des variantes neuves sur un réel usagé, à tisser une trame où des éléments connus empruntent une originalité au regroupement artificiel des facteurs .
Tout remontant à une source commune : l'observation , c'est elle à n'en pas douter qu'il faut édifier (construire), affiner (perfectionner) , enrichir d'apports multiples puisés à toutes les sources de la connaissance .

Celles-ci sont de trois sortes bien distinctes : d'abord celles ressortissant du mode concret (positif, visible) , puis celles qui agissent en mode émotionnel (affectif)  , et enfin celles qui sont dispensées par le savoir abstrait (théorique, conceptuel).
Au mode concret correspond l'observation exclusivement sensorielle . Au mode émotionnel l'esthétique et ses ramifications : poésie, etc ... Au savoir abstrait, la culture générale et les lectures en particulier .
Il s'agit donc, pour chacun de nous, d'œuvrer en vue de notre expansion individuelle et d'exploiter, par un appel constant aux disciplines afférentes ( qui se rapporte à) , le tribut ( contribution forcée, ce qu'on est obligé de supporter ou d'accorder) d'avantages qu'elles engendrent .
Avant d'aborder de front le stage de cette autoculture, une disposition d'esprit s'impose qui seule en rendra fructueux les efforts . Nous voulons parler de cette intelligence sympathique qui allège la tension de l'esprit, déclanche le processus de l'attention et fixe durablement dans la mémoire les impressions de toute nature . Si la sympathie compréhensive apparaît tel un vaste portique ouvrant l'accès aux notions requises pour l'élaboration de notre structure mentale, la mémoire, sur laquelle nous reviendrons par la suite, s'avère l'indispensable charpente de toute construction viable .
Seule, elle sait capter, préserver et utiliser à toutes fins utiles le butin (les captures) de nos acquisitions aux trois étages du savoir . La sympathie compréhensive mène droit à l'enrichissement intérieur . Les choses de notre milieu, et bien plus encore celles des milieux voisins par lesquels nous devons tenter une rénovation  de nos modes coutumiers, de sentir apparaissent comme autant de réactifs intellectuels et moraux, puissants à nous dépayser, à nous emporter au delà de cette personnalité terre à terre , encroûtée, que nous adoptons à l'accoutumée . Par un louable effort de libération, apprenons à décristalliser ce moi indigent (démuni) , utilitaire et borné ( étroit, à la vue courte, obtus) , tissé de veuleries ( lâcheté, faiblesse) ou de médiocrités ( bassesses, insuffisances) , et qui, faute d'assimilations neuves, d'alluvions originales ( métaphore : matériaux différents , riches, récemment acquis) , va ressassant ( rabâcher, retourner dans sa tête) les mêmes sentiments, les mêmes lieux communs ( banalités) , les mêmes incompréhensions de toujours .
C'est ce moi stagnant, étroit, insuffisant qu'il nous faut dépasser en plongeant de toute notre avidité de connaître dans le vaste univers que nos parcimonieuses oeillères ( ne pas voir certaines choses par étroitesse d'esprit ou par parti pris) ont rétréci à la mesure du moindre effort .

Nul ne saurait écrire sans un fonds personnel de réflexion, sans un prisme de sensations sélectionnées, bagage indispensable à toute personne ayant décidé d'écrire .

Pour nous les constituer sachons faire diversion à l'habitude congénitale ( héréditaire) d'observer mollement ou de sentir au ralenti . Semblables à l'avion qui prend son essor, tâchons de décoller hors des sentiers de pâture, hors des ornières communes, délions ( du verbe délier, se libérer) de nous l'indifférente apathie ( inertie, indolence, passivité) , le lâche désintéressement des réalités ambiantes, et nous pétrissant des coeurs d'Argonautes faisant voile pour la découverte d'inconnues Toisons d'Or . 

L'aventure vous tente-t-elle ? laissez alors que nous en venions au monde concret .

Ces réflexions se poursuivront dans la deuxième partie consacrée à ce théme dans quelques jours . Bien à vous, Gerboise .

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