lundi 1 septembre 2008

Histoire de la langue et de la littérature françaises : 7- Survol dans une deuxième période du XVIIe siècle de la Prose (suite n°6, du 30 Août 2008)

La seconde partie du XVIIe siècle est une période d'harmonie (ensemble des caractères qui rendent un discours , un texte agréable à l'oreille) littéraire faite de raison, de vérité, d'art et de politesse . C'est le moment, où la langue, désormais commune aux écrivains et au monde, est fixée dans son vocabulaire et sa syntaxe ( étude des règles qui président à l'ordre des mots et à la construction des phrases, dans une langue, ces règles ) ; c'est la période des chefs-d'œuvres .

*) Écrivains et orateurs :

La Rochefoucauld (1615-1680), frondeur et bel esprit désenchanté, publie en 1665 sous la formes de Maximes, chère à la société précieuse, l'analyse morale de cette société telle qu'il l'a vue . C'est une suite d'observations amères, souvent cruelles, sur les calculs que cache l'affectation des plus hauts sentiments . Les traits, sobres et incisifs, visent l'humanité entière .

Mme de Sévigné (1626-1696), orpheline et veuve de bonne heure, femme très cultivée, sut exprimer en écrivant à ses amis et surtout à sa fille, Mme de Grignon, toutes les impressions de son esprit agile et de son âme ardente . Elle conte, décrit, moralise, s'épanche avec un don surprenant de vie et de style.

Mme de Maintenon fait admirer sa netteté, sa justesse et sa raison .

Bossuet (1627-1704), tour à tour évêque de Condom, précepteur du Dauphin et évêque de Meaux, a été la gloire de la chaire française . Il est surtout pour nous l'auteur des Sermons, des Oraisons funèbres et du Discours sur l'histoire universelle . Il prit une grande part aux polémiques de son temps contre le protestantisme, ou le quiétisme de Fénelon . Partout il porta la marque de son génie fait de science, de droiture et d'élévation . A l'ardeur de ses convictions, il joignit une imagination vive, une émotion profonde qui ont fait de lui l'un des plus grands de nos orateurs .
L'éloquence religieuse compte encore de grands noms comme Bourdaloue, Massilion, Fléchier et surtout Fénelon archevêque de Cambrai et précepteur du duc de Bourgogne . Son oeuvre de prédication et de polémique religieuse est importante . Il nous est plus connu par ses oeuvres d'éducation ou de critique : le Traité de l'Education des Filles, le Télémaque, les Dialogues sur l'éloquence, les Dialogues des morts et surtout la Lettre à l'Académie Française . Écrivain facile et séduisant, âme passionnée, esprit fertile en vues d'avenir, il attire et attache .

La Bruyère (1645-1696), précepteur du duc de Bourbon, écrivit à la cour des Condés son livre des Caractères [1685], où défilent en portraits, tableaux, maximes et analyses morales, la cour , la ville et le monde . C'est un observateur implacable, un peintre pittoresque et un prestigieux écrivain .
Le même souci de la peinture exacte des mœurs et des caractères est à noter dans les Mémoires de Retz, le Roman Bourgeois de Furetière, et la Princesse de Clèves de Mme de La Fayette.

**) Tendances nouvelles :

A la fin du siècle, deux écrivains surtout annoncent le siècle suivant : Fontenelle, qui introduit la science dans la littérature avec la Pluralité des Mondes, et Perrault, l'auteur des Contes, qui soutient l'idée de progrès dans la querelle des Anciens et des Modernes .

Voici un passage du texte de Bossuet sur La Jeunesse , extrait du Panégyrique de Saint Bernard qui montre les principales qualités de l'auteur : sa pensée forte et enchaînée, émotion ardente, phrase ample, langue riche et souple . L'émotion se traduit par le mouvement oratoire et des images comme " tend les voiles à l'espérance" , magnifiques expressions qu'anime le plus grand souffle lyrique du siècle .

La jeunesse .

" Certes, quand nous nous voyons penchants (participe accordé ) sur le retour de notre âge, que nous comptons déjà une longue suite de nos ans écoulés, que nos forces se diminuent (pronominal pour actif) , et que le passé occupant (comme le passé occupe) la partie la plus considérable de notre vie, nous ne tenons (sommes rattachés à ) plus au monde que par un avenir incertain, ah ! le présent ne nous touche plus guère . Mais la jeunesse qui ne songe pas que rien (quelque chose) ne lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, elle ne songe (pense) aussi qu'au présent et y attache toutes ses pensées ... Nous voyons toutes choses selon la disposition où nous sommes : de sorte que la jeunesse qui semble n'être formée que pour la joie et pour les plaisirs, ah ! elle ne voit rien de fâcheux ; tout lui rit, tout lui applaudit . Elle n'a point encore d'expérience des maux du monde, ni des traverses (événements qui viennent en travers de nos vues) qui nous arrivent ; de là vient qu'elle s'imagine qu'il n'y a point de dégoût (pensée rebutante) , de disgrâce pour elle . Comme elle se sent forte et vigoureuse, elle bannit la crainte et tend les voiles de toutes parts à l'espérance qui l'enfle et la conduit ."

Dans un prochain billet concernant la poésie et le théâtre de cette deuxième période du XVIIe siècle ,nous découvrirons La Fontaine, Boileau, Molière, Racine, ces écrivains qui ont participé à la renommée de la langue française .

Bien à vous, Gerboise .

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