lundi 22 septembre 2008

Histoire de la langue et de la littérature françaises: 9 - Survol de la période du XVIIIe siècle : la prose ( suite n°8 du 12 Septembre 2008 ) .

La littérature du XVIIIe siècle n'étudie plus seulement l'homme moral, mais l'homme social . Rationaliste avec Voltaire, sentimentale et lyrique avec Rousseau, elle prépare la Révolution et le Romantisme .

*) Les Écrivains :

Montesquieu (1689-1755) , magistrat et juriste, débute dans les lettres par une satire de la société, les Lettres Persanes . Puis il donne ses Considérations sur la Grandeur et la Décadence des Romains , où il cherche une explication rationnelle des faits et crée la philosophie de l'histoire . Dans l'Esprit des Lois, il étudie le fondement des lois, les gouvernements et les constitutions et formule des principes qui inspireront les hommes de 1789 .

Buffon (1707-1788) fait entrer l'Histoire Naturelle dans le domaine de la littérature . Méthode rigoureuse, science impartiale, style large et lumineux, tels furent les mérites de cet écrivain qui, dans son Discours sur le Style, enseigne lui-même à bien penser, bien sentir et bien rendre .

Voltaire (1694-1778) est à lui seul le XVIIIe siècle militant . Partout il bataille pour les lettres, la philosophie, la tolérance, la raison et le progrès . Son action est universelle et son influence immense . Il écrit des tragédies, des œuvres historiques : le Siècle de Louis XIV , Charles XII ; un poème épique, la Henriade et des poésies légères ; des œuvres philosophiques : l'Essai sur les moeurs, le Dictionnaire Philosophique, les questions sur l'Encyclopédie ; des contes et des romans dont Candide . Il entretient la correspondance la plus vaste et la plus intéressante qui soit, combat les abus, défend Calas et Sirven contre leurs persécuteurs . Dans tous les genres il fait briller une verve endiablée, un esprit irrésistible, un style clair, incisif et éloquent .

**) L'Encyclopédie :

Une foule de philosophes menèrent le même combat que Voltaire pour la raison et contre l'intolérance religieuse . Leur oeuvre commune fut l' Encyclopédie, vaste dictionnaire des connaissances universelles dont la publication fut dirigée par d'Alembert et surtout par Diderot, publiciste étincelant, riche en idées neuves et d'une prodigieuse activité .

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) se fait le réformateur des moeurs, de la société et de la littérature de son temps . Successivement dans ses Discours sur les Sciences et les Arts, l'Inégalité, les Spectacles, dans le roman de La Nouvelle Héloïse, dans l'Émile, dans le Contrat Social, dans les Confessions, il prêche le retour à la nature, à la morale, à la religion individuelle, à une organisation sociale fondée sur l'utilité publique . Sur tous les sujets, il est orateur et poète . C'est de lui que date le lyrisme en prose, la description émue, le sentiment du paysage ; il oriente la pensée et le style dans la voie qui mènera au romantisme .

***) Le roman :

Dans ce siècle de la prose, le roman prend une grande extension . Il est tantôt moral, tantôt philosophique ou sentimental . Il faut tirer à part le Gil Blas de Lesage, la Manon Lescaut de l'Abbé Prévost, Candide, Zadig et les autres romans de Voltaire, la Nouvelle Héloïse de Rousseau et le Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre .
Nul tableau réaliste ne dépasse en vigueur les Mémoires de Saint-Simon .

Lettre à Rousseau .

" J'ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain ; je vous en remercie . Vous plairez aux hommes à qui vous dites leurs vérités, mais vous ne les corrigerez pas . On ne peut peindre avec des couleurs plus fortes les horreurs de la société humaine, dont notre ignorance et autre faiblesse se promettent tant de consolations . On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage . Cependant comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi ... Je conviens avec vous que les Belles -Lettres et les Sciences ont causé quelquefois beaucoup de mal ... Si quelqu'un doit se plaindre des lettres, c'est moi, puisque, dans tous les temps et dans tous les lieux, elles ont servi à me persécuter ; mais il faut les aimer malgré l'abus qu'on en a fait, comme il faut aimer la société, dont tant d'hommes méchants corrompent les douceurs ; comme il faut aimer sa patrie, quelques injustices qu'on y essuie ."

Voltaire .

A une autre fois, pour aborder la poésie et le théâtre de ce XVIIIe siècle, avec les comédies de Marivaux et de Beaumarchais .

Bien à vous, Gerboise .

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