dimanche 14 septembre 2008

La ponctuation, un des " visages " de la langue française , une nécessité qui mérite d'être prise en considération .


 Pourquoi  devons-nous "ponctuer" nos textes ?

Nous avions déjà, dans un ancien billet de notre blog, présenté les conditions d'utilisation de quelques signes de ponctuation . Avant de reprendre cette étude et la terminer, il est nécessaire de préciser avant cette réalisation, pourquoi nous devons les employer à bon escient .

L'emploi des signes de ponctuation répond à un besoin d'ordre et de clarté dans l'expression de la pensée, et aussi aux besoins de la respiration . Il faut ajouter que la ponctuation est précieuse pour le rythme, la cadence de la phrase .

La ponctuation répond d'abord aux besoins de la respiration .

Il ne faut pas, en effet, que nous ayons devant nous, en lisant à haute voix, un texte indéfini qui vous mette hors d'haleine . Il convient de tenir compte de la capacité des poumons, de la portée commune de la respiration . Donc il importe de couper convenablement le discours, de doser les pauses . Et ce dosage délicat permettra au lecteur des inflexions ( ) fines et variées .

La ponctuation répond aussi à un besoin d'ordre et de clarté dans l'expression de la pensée .

En effet, les pauses ne peuvent être faites selon la seule capacité respiratoire, qui ne tiendrait compte ni du sens, ni des nuances du texte . Pour que le texte soit intelligible et clair, il faut séparer logiquement les phrases et les membres de phrases . Et il faut se montrer judicieux dans le choix des signes, pour marquer les sens divers au cours d'une période, le degré de subordination qui convient à chacun d'eux . Bref, il faut distinguer convenablement par des signes les parties principales et subordonnées du discours, et leur degré d'affinité .
Enfin il ne faut pas oublier, surtout en poésie, le balancement, la " musique de la phrase " ... La "ponctuation parlée"  a aussi son importance, surtout pour l'orateur et pour l'acteur, et elle est intimement liée à la mimique de celui qui parle . Il faut se garder de trop ponctuer, ou de ponctuer trop peu ; il faut se tenir dans de justes limites . Et, en définitive, il convient de combiner les besoins d'ordre, de clarté, avec ceux de la respiration, ceux d'une juste cadence et d'une juste mesure .
Ainsi comprise et employée, la ponctuation clarifie, repose, rythme, vivifie ...

En vue d'attirer votre attention sur cet art, voici d'abord , en extrait, le fameux discours de Mirabeau sur la Contribution du quart des revenus . En 1789, comme de nos jours, le Trésor donnait des inquiétudes . Et le discours de Mirabeau est ainsi d'une brûlante actualité .

" ...Le premier  ministre des finance ne vous a-t-il pas offert le tableau le plus effrayant de notre situation actuelle ? Ne vous a-t-il pas dit que tout délai aggravait le péril ? Qu'un jour, une heure, un instant pouvaient le rendre mortel ? Avons-nous un plan à substituer à celui qu'il nous propose ? [ Oui, s'écrie quelqu'un dans l'assemblée .]
Je conjure celui qui a dit oui de considérer que son plan n'est pas connu ; qu'il faut du temps pour le développer, l'examiner, le démontrer ; que, fût-il soumis immédiatement à notre délibération, son auteur a pu se tromper ; que fût-il exempt de toute erreur, on peut croire qu'il s'est trompé ; que, quand tout le monde a tort, tout le monde a raison ; qu'il se pourrait donc que l'auteur de cet autre projet, même en ayant raison, eût tort contre tout le monde, puisque, sans l'assentiment de l'opinion publique, le plus grand talent ne saurait triompher des circonstances .
Et moi aussi, je ne crois pas les moyens de M. Necker les meilleurs possibles ; mais le ciel me préserve, dans une situation si critique, d'opposer mes moyens aux siens . Vainement je les tiendrais pour préférables : on ne rivalise pas en un instant avec une popularité prodigieuse, conquise par des services éclatants, une longue expérience, la réputation du premier financier connu ; et, s'il faut tout dire, des hasards, une destinée telle qu'elle n'échut en partage à aucun mortel .
Il faut donc revenir au plan de M. Necker .
Mais avons- nous le temps de l'examiner, de sonder ses bases, de vérifier ses calculs ? Non, mille fois non !
D'insignifiantes questions, des conjonctures hasardées, des tâtonnements infidèles, voilà tout ce qui, dans un moment, est en notre pouvoir .

Qu'allons-nous donc faire par la délibération ? Manquer le moment décisif . Acharner notre amour-propre à changer quelque chose à un ensemble que nous n'avons pas même conçu, et diminuer, par notre intervention indiscrète,  l'influence d'un ministre dont le crédit financier est et doit être plus grand que le nôtre ? ... Qu'est-ce donc que la banqueroute, si ce n'est le plus cruel, le plus inique, le plus inégal, le plus désastreux des impôts ? ..."

D'autre part, ensuite, voici quelques strophes de la charmante " harmonie " de Milly , de Lamartine :

Pourquoi le prononcer, ce nom de la Patrie ?
Dans son brillant exil mon coeur en a frémi .
Il résonne de loin dans mon âme attendrie, 
Comme les pas connus ou la voix d'un ami .

Montagnes que voilait le brouillard de l'automne
Vallons que tapissait le givre du matin, 
Saules dont l'émondeur effeuillait la couronne,
Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain ;
....................................................................
Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toits que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?
....................................................................
...Il est dans ces déserts un toit rustique et sombre
Que la montagne seule abrite de son ombre,
Et dont les murs, battus par la pluie ou les vents
Portent leur âge écrit sous la mousse des ans .
Sur le seuil désuni de trois marches de pierre
Le hasard à planté les racines d'un lierre,
Qui, redoublant cent fois ses noeuds entrelacés,
Cache l'affront du temps sous ses bras élancés,
Et, recourbant en arc sa volute rustique,
Fait le seul ornement du champêtre portique
... Rien n'y console l'oeil de sa prison stérile :
Ni les dômes dorés d'une superbe ville,
Ni les toits blanchissants aux clartés du matin .
Seulement, répandus de distance en distance,
De sauvages abris, qu'habite l'indigence,
Le long d'étroits sentiers en désordre semés,
Montrant leur toit de chaume et leurs murs enfumés,
Où le vieillard, assis au seuil de sa demeure, 
Dans son berceau de jonc endort l'enfant qui pleure ...
Enfin un sol sans ombre, et des cieux sans couleur, 
Et des vallons sans onde ! - Et c'est là qu'est mon coeur !

Lamartine .

A bientôt, bien à vous, Gerboise .


Aucun commentaire: