vendredi 7 novembre 2008

Un être humain singulier (*) , extraordinaire (**), particulier (***) :" LE SINGE NU " ,réflexions sur les vérités du grand zoologue Desmond Morris .

*) singulier : ce qui rend unique en son genre, original .
**) extraordinaire : suppose la comparaison et se dit , en bien ou en mal, de ce qui n'est pas selon l'ordre ordinaire et s'en distingue souvent par quelque chose de supérieur, de très grand ou d'expressif .
***) particulier : qui n'est pas commun à d'autres choses, à d'autres êtres vivants de même espèce, séparé, distinct ; qui met à part, sépare des autres, n'est pas banal ; qui est propre à quelqu'un, qui est spécial, au-dessus ou en dehors de l'ordinaire, du commun, de l'habituel, qui distingue un être des autres individus de la même classe .

Voici quelques
Réflexions sur ce que nous sommes, nous les êtres humains, qui avons acquit progressivement par le travail, la ténacité, le courage, l'endurance, une capacité d'observation réfléchie unique au monde qui nous a permis d'être capable de " jauger " les informations provenant de toutes sortes d'environnements , une " sorte d'esprit critique " caractéristique, justement, de notre espèce, il y a plusieurs centaines de millénaires, cette faculté de savoir fabriquer, de savoir parler, de savoir penser, de savoir représenter par un art pariétal son entourage, sa façon de" voir son monde ! ", de savoir créer des signes puis de composer des alphabets, de savoir écrire, de savoir que nous existons, de savoir que l'on va mourir et qu'il est nécessaire d'enterrer les morts, de savoir qu'il existe un passé et un avenir par rapport au présent, de savoir que la Terre n'est pas le Centre du Monde, de savoir que les espèces vivantes sont en perpétuelle " Évolution ", enfin, de savoir que l' Univers est en continuelle " Expansion "et que notre étoile, le Soleil, n'est qu'une d'entre elles parmi des milliard de milliard d'astres situés à des distances incommensurables mesurées en années lumière .

Oui, dans l'étendue de sa domination sur la planète, l'homme perd souvent de vue qu'il se définit essentiellement comme un animal doué de Raison .

Voici, en livre de poche [2752], un petit ouvrage d'une richesse féconde, publié en 1968 aux Éditions Bernard Grasset [édition originale, 1967 : The Naked Ape, est un ouvrage de Desmond MORRIS qui décrit l'espèce humaine à travers un regard d'Ethologiste, c'est-à-dire avec le même regard que celui que l'on porte généralement sur les autres animaux .

Ce"Singe Nu", l'homme authentique, vu par Desmond MORRIS, une réalité dont nous devons tenir compte, prendre en considération, à ouvert de nouvelles portes sur la connaissance humaine, notamment celle de l'éthologie humaine et ainsi amené un nouveau regard sur l'Homme, " cette espèce de Primate sans fourrure " .

Commentaires de l'Editeur :

"Desmond MORRIS est né en Angleterre en 1928 . Diplômé de zoologie, il travaille de 1951 à 1956 à Oxford avec le groupe de Niko Tibergen . De 1956 à 1959, il dirige le service des émissions de télévision rattaché au Zoo de Londres .
Nommé en 1959 directeur du département des mammifères de ce zoo, il y poursuit ses recherches . Depuis 1967, il dirige également l'Institut des arts contemporains .
Après Le Singe nu qui a remporté un succès immédiat et considérable dans de très nombreux pays, Desmond MORRIS a rédigé dans la même veine d'humour scientifique" Le Zoo humain " .( Livre que gerboise vous présentera par la suite .)
A ce spécialiste de zoologie on doit une Biologie de l'art .

Familiarisés comme nous le sommes maintenant avec l'idée que l'homme descend du singe (indirectement : branche parallèle) nous avons coutume de considérer ce parent comme un ancêtre très lointain distancé " depuis belle lurette " (il y a bien longtemps) sur la route de l'évolution des espèces par la variété dite " Homo sapiens " . Le zoologiste Desmond MORRIS bouleverse allègrement cette notion rassurante pour notre vanité (défaut d'une personne vaine, satisfaite d'elle-même et étalant cette satisfaction, orgueil, suffisance) .

Non, déclare-t-il, nous ne sommes pas une espèce nouvelle née du processus de l'évolution, nous sommes toujours des singes .Et il le démontre .

Éliminant les sociétés primitives encore existantes comme étant " des ratés de l'évolution " , il observe le singe nu moderne, arboricole sorti des forêts et devenu carnivore, sous l'angle de la sexualité, de l'éducation, de la combativité et de la recherche du confort [ où il assimile hardiment la quête des poux chez les primates aux menus propos mondains dans un effet scientifico-comique irrésistible] .
Pour élaborer cette thèse originale, il lui a suffi d'étudier le comportement humain dans la même optique que celui des animaux - et en utilisant le même vocabulaire . Le résultat est extraordinaire de précision scientifique, de logique (de réflexion profonde sur les hommes que nous sommes) ...et d'humour ."

Remerciements de l'auteur :

" Ce livre est destiné au grand public ; aussi bien, et pour ne pas rompre le cours de l'exposé, n'a-t-on pas, dans le texte, cité les sources . Mais de nombreux livres et communications d'une brillante originalité ont nourri la composition de ce volume et il serait injuste de le présenter sans remercier les auteurs de leur précieux concours . A la fin du livre, j'ai donc ajouté un appendice groupant, chapitre par chapitre, les sujets traités et les principales autorités que j'ai consultées ..."

Ce livre de poche doit être lu , découvert par tous les lecteurs de Gerboise . Il vous permettra d'apprendre à réfléchir , à partir de sujets qui nous concerne tous, sur la manière de poser les problèmes et de les résoudre, d'acquérir un esprit critique opérationnel et de savoir " jauger " ( apprécier, évaluer, juger ...) les informations qui vous seront proposées dans de nombreux contextes de la vie de tous les jours . Gerboise vous propose ci-dessous de prendre connaissance de l'introduction de l'auteur et des trois dernières pages de son livre en vue de vous convaincre de la nécessité de le lire . Voici :

Introduction

" Il existe cent quatre-vingt treize espèces vivantes de singes et de gorilles . Cent quatre-vingt- douze d'entre elles sont couvertes de poils ; La seule exception est un singe nu qui s'est donné le nom d' Homo sapiens . Cette espèce à part, qui a brillamment réussi, passe une grande partie de son temps à étudier les plus nobles mobiles de son comportement et non moins de temps à en négliger [là elle s'acharne] les facteurs fondamentaux . Le singe nu est fier d'avoir le plus gros cerveau de tous les primates, mais il s'efforce de dissimuler le fait qu'il a aussi le plus gros pénis, préférant attribuer cet honneur au puissant gorille . Mensonge. C'est un singe qui utilise de façon intense ses possibilités vocales, qui a le sens de l'exploration poussé au plus haut point et qui vit dans une société surpeuplée : il est grand temps qu'on examine les bases de son comportement . Je suis zoologue et le singe nu est un animal . Je me sens donc le droit d'écrire sur lui et je refuse de garder plus longtemps le silence sous prétexte que certaines de ses conduites sont assez complexes et impressionnantes . Mon excuse : en devenant érudit (instruit) , l'Homo sapiens n'en est pas moins resté un singe nu ; en acquérant de nouveaux mobiles élevés, il n'a perdu aucun de ceux, beaucoup moins nobles, qu'il a toujours eus . Cela provoque souvent chez lui une certaine gêne mais voilà bien des millions d'années que ses instincts originaux le conduisent, les nouveaux n'ayant tout au plus que quelques milliers d'années, et il ne doit pas espérer se débarrasser avec un haussement d'épaules de l'héritage génétique qu'il a accumulé tout au long de son évolution . Ce serait un animal beaucoup moins inquiet et beaucoup plus accompli si seulement il voulait bien admettre ce fait . Là, peut-être, le zoologue peut lui venir en aide .

Une des caractéristiques les plus étranges des études qui ont choisi pour objet le comportement du singe nu, c'est qu'elles sont presque toujours passées à côté de l'évidence ( comme actuellement, en considérant un seul point de vue, celui qui avantage la seule façon de considérer, d' " envisager les choses ", alors que d'autres possibilités existent , beaucoup de nos contemporains dénaturent les réalités de beaucoup de problèmes qui nous sont esentiels et ainsi, nous induisent en erreur , nous trompent , introduisent dans notre entendement des constructions pernicieuses [ nuisibles, nocives, malsaines] qui se manifesteront dans tous les cas où notre esprit d'analyse devra se manifester sans être dénaturé par des schémas mal fondés!) . Les premiers anthropologues ont couru aux antipodes pour découvrir les vérités fondamentales de notre caractère, alors que ces lointaines cultures sont en voie d'instinction . Ils en sont revenus riches d'observations stupéfiantes sur les bizarres coutumes amoureuses, les étranges systèmes de parenté ou les rites mystérieux de ces tribus et ils ont exploité ces matériaux comme s' ils étaient d'une importance vitale pour éclairer le comportement de l'espèce tout entière . Certes, les travaux de ces chercheurs sont extrêmement intéressants, mais ils ne nous ont rien appris du comportement typique du singe nu moyen . On ne peut y parvenir qu'en examinant le comportement des représentants ordinaires et évolués des grandes cultures, qui forment la majorité . Contrairement à l'opinion des anthropologues ancien style, j'affirme que les groupes tribaux vivant aujourd'hui ne sont pas primitifs ; ils sont abêtis .
Voilà des millénaires qu'il n'existe plus de tribus vraiment primitives . Le singe nu est une espèce essentiellement exploratrice et une société qui n'a pas réussi à progresser a, dans une certaine mesure, " mal tournée " . Les psychiatres et les psychanalystes, eux, ne sont pas allés si loin et se sont concentrés sur des études cliniques des spécimens de la branche principale . Toutefois, une grande partie de leurs études initiales est encore déformée par un regrettable préjugé . Les sujets sur lesquels ils ont fondé leurs communications sont toujours des spécimens anormaux ou déficients à certains égards . Ces savants nous ont donnés des aperçus très importants sur la façon dont nos schémas de comportement peuvent se dérégler . Mais quand on tente d'établir la nature biologique de notre espèce prise dans son ensemble, il est inopportun de se fonder uniquement sur les premières découvertes des anthropologues et des psychiatres .

La méthode que je me propose d'utiliser dans cet ouvrage puise ses matériaux à trois sources principales : les renseignements sur notre passé que nous fournissent les paléontologues et tirés de l'examen des fossiles et autres vestiges de nos lointains ancêtres ; les renseignements accumulés dans les études du comportement animal que les spécialistes de l'éthologie comparée ont entreprises, notamment sur nos plus proches parents vivants, les singes et les gorilles ; et les renseignements que l'on peut recueillir par l'observation directe des schémas de comportement fondamentaux, communément observés chez les spécimens de la branche principale la plus évoluée .

En raison de l'ampleur de la tâche, il sera nécessaire, dans une certaine mesure, de simplifier .

Je me concentrerai surtout sur les aspects de notre vie qui ont manifestement leur contrepartie dans d'autres espèces ; j'entends par là des activités comme l'alimentation, l'hygiène corporelle, le sommeil, le combat, l'accouplement et le soin des petits .

Confronté à ces problèmes fondamentaux, comment le singe nu réagit-il ? Comment comparer ses réactions à celles des autres singes ? Sur quel point particulier est-il unique et quel est le rapport entre ses singularités et le profil très spécial de son évolution ?


En traitant de ces problèmes, je cours le risque de heurter un certain nombre de gens . Certains préféreront ne pas découvrir ni contempler le côté animal de leur personne . Ils estimeront peut-être que j'ai avili (abaissé la valeur de, déprécié) notre espèce en discutant de son cas en termes amicaux mais grossiers ; assurément, telle n'est pas mon intention . D'autres n'apprécieront pas cette intrusion d'un zoologue dans leur spécialité . Mais je suis convaincu que cette façon d'aborder le problème peut être fort utile et que, malgré les lacunes de ma méthode, elle ne manquera pas de jeter une lumière nouvelle [ et à certains égards inattendue] sur la nature complexe de cette extraordinaire espèce ."

Quatre dernières pages du livre

"... A mesure que la demande d'espace vital s'accroîtra il faudra finir par prendre des mesures encore plus radicales et nous serons amenés à synthétiser nos produits alimentaires . A moins de pouvoir coloniser d'autres planètes sur une grande échelle et répartir ainsi la charge, ou bien trouver un moyen de contrôler sérieusement l'accroissement de notre population, il nous faudra, dans un avenir moins éloigné qu'on ne le croit, éliminer de la terre toutes les autres formes de vie . J'ai l'air de faire du mélodrame, mais il n'est que de considérer les chiffres . A la fin du XVIIe siècle, la population mondiale des singes nus n'était que de cinq cents millions . Elle s'est élevée aujourd'hui (en 1967) à trois milliards . Elle s'accroît toutes les vingt-quatre heures de cent cinquante mille individus . [Les autorités d'émigration interplanétaire verraient sans doute dans ce chiffre l'énoncé d'un problème décourageant .]
D'ici à deux cent soixante ans, si le taux d'accroissement reste constant - ce qui est peu probable - il y aura sur terre une masse grouillante de quatre cents milliards de singes nus, ce qui représente un chiffre de quatre mille deux cent soixante-dix personnes au kilomètre carré sur toutes la superficie des terres émergées . Pour présenter les choses autrement, disons que la densité de la population que l'on rencontre aujourd'hui dans nos grandes villes s'étendrait au globe tout entier . La conséquence, pour toutes les formes de vie sauvage est évidente . L'effet que cela pourrait avoir sur notre propre espèce n'est pas moins déprimant . Inutile de nous appesantir sur ce cauchemar : il y a peu de chances qu'il se réalise . Comme je l'ai souligné tout au long de ce livre, nous ne sommes guère plus qu'un simple phénomène biologique, malgré nos énormes progrès techniques . Nos idées grandioses et notre vanité sans limite n'y changent rien :

Nous demeurons d'humbles animaux, soumis à toutes les lois fondamentales du comportement animal .

Bien avant que nos populations n'atteignent les niveaux envisagés plus haut, nous aurons enfreint( outrepassé, transgressé) tant de règles qui gouvernent notre nature biologique que nous nous serons effondrés en tant qu'espèce dominante . Dans notre complaisance, nous avons tendance à nous bercer d'illusions, imaginant que cela ne pourra jamais arriver, qu'il y a chez nous quelque chose de spécial, que nous sommes en quelque sorte au-dessus du contrôle biologique . Il n'en est rien .

De nombreuses espèces remarquables se sont éteintes dans le passé et nous ne faisons pas exception à la règle .
Tôt ou tard nous disparaîtrons, et laisserons la place à d'autres .

Si nous voulons que ce soit dans un avenir plus lointain que proche, il nous faut alors nous considérer sans indulgence comme des spécimens biologiques et accepter nos limites .


Tel est le but de ce livre, où nous sommes délibérément traités de singes nus, pour nous " rabattre le caquet " ( obliger à se taire, forcer à être moins insolent ) . Il est bon de garder un certain sens des proportions et de considérer ce qui se passe juste sous la surface de notre existence . Il est possible que dans mon enthousiasme j'aie quelque peu exagéré .
J'aurais pu nous prodiguer des compliments mérités et vanter de nombreuses réussites magnifiques qui sont à notre honneur . En m'y refusant, j'ai certainement donné un tableau partial ( qui prend parti pour ou contre quelqu'un ou quelque chose, sans souci de justice ni de vérité, avec parti pris) de la situation, car nous sommes une espèce extraordinaire et je n'entends pas le nier . Mais on l'a trop souvent répété .

Quand on lance la pièce en l'air, on dirait qu'elle retombe toujours du côté face ; il m'a semblé utile d'en montrer un peu le côté pile . Malheureusement, notre puissance et notre réussite extraordinaires, en comparaison des autres animaux, nous inclinent à considérer nos humbles origines avec un certain mépris ; je ne m'attends donc pas à des remerciements .

Notre ascension fut un enrichissement rapide et, comme tous les nouveaux riches, nous n'aimons guère qu'on évoque nos modestes débuts, si proches encore .


Il est des optimistes qui estiment que notre haut niveau d'intelligence et notre instinct puissamment inventif devraient nous permettre de retourner n'importe qu'elle situation à notre avantage ; que notre extrême souplesse nous aidera à modifier notre existence selon les nouvelles exigences que nous impose la situation présente et future ; que, le moment venu, nous aurons à faire face au problème de la surpopulation, à la disparition de toute intimité et de toute indépendance d'action ; que nous parviendrons à vivre comme des fourmis géantes et à contrôler nos sentiments d'agressivité, nos instincts territoriaux, et sexuels, ainsi que nos tendances parentales ; que notre esprit pourra dominer tous nos instincts biologiques fondamentaux .

J'affirme que tout cela est une plaisanterie .

Notre nature animale brute ne le permettra jamais . Certes nous sommes adaptables . Certes nous sommes par comportement des opportunistes ( opportunisme : comportement ou politique qui consiste à tirer parti des circonstances, en transigeant, au besoin, avec les principes) , mais il y a des limites à l'opportunisme .


En soulignant dans ce livre nos caractères biologiques, j'ai essayé de montrer la nature même de ces limites . En les reconnaissant clairement et en nous soumettant à elles, nous multiplierons nos chances de survie . Cela ne signifie pas un naïf " retour à la nature " . Cela veut dire simplement qu'il nous faut adapter nos progrès aux exigences de notre comportement fondamental . D'une façon ou d'une autre nous devons nous développer sur le plan qualitatif plutôt que sur le plan quantitatif .

Si nous y parvenons (!) , nous pourrons continuer à progresser de façon spectaculaire dans le domaine de la technique sans renier l'héritage de notre évolution .

Si nous n'y parvenons pas, nos instincts biologiques refoulés ne vont cesser d'augmenter leur pression jusqu'au moment où cédera le barrage . Alors tout le système compliqué de notre existence sera définitivement emporté par le nouveau déluge ( catastrophes à venir) .

A bientôt . Nous commenterons d'une manière exhautive l'ensemble des deux livres d' Desmond MORRIS, celui-ci et le " Zoo humain ", dans un prochain billet .

Bien à vous, Gerboise .

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