mercredi 8 avril 2009

Les plantes carnivores: des pièges fascinants,ici les passifs des Nepenthes:Belle leçon d'adaptation*,de mise en harmonie avec les circonstances ** .

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Zone apicale d'une ascidie peu vascularisée . Photographie Canon réalisée par Gerboise .


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adaptation : ici, transformations qui conditionnent ce résultat, appropriation d'un organisme aux conditions internes et externes de l'existence, en particulier avec le milieu, soit physique soit vivant, permettant à cet organisme de durer, de se reproduire et de se mettre en symbiose, de s'accommoder, avec de nouvelles conditions de ressources, avec les circonstances, avec le milieu, et les différents contextes interactifs.
** - circonstances : particularités favorables ou défavorables, qui accompagnent, entourent, un fait, un évènement, une situation ; ce qui constitue, caractérise le moment présent .

Les feuilles , ou ascidies des Népenthès se transforment en larges cornets ou urnes . Les insectes attirés par le nectar viennent se noyer dans le liquide remplissant le fond du piège . Ces plantes tropicales ne prospèrent que dans les endroits très humides de la jungle, condition essentielle pour la genèse des urnes foliaires .
Leurs feuilles peuvent mesurer jusqu'à un mètre . Chacune est constituée d'un pétiole (partie rétrécie de certaines feuilles vers la tige) très différencié et d'un limbe fort discret . Le pétiole comprend le plus souvent, tour à tour : une partie plus ou moins ailée, une portion cylindrique, un segment étalé-orbiculaire prolongé en vrille se terminant par une ascidie, appelée parfois outre ou urne . Le limbe foliaire réduit mime un pseudo-couvercle pour cette urne, non mobile et apical .
Le folklore extrême-oriental s'est emparé de ces curieuses formations : en Extrême-Orient on a longtemps récolté des ascidies de Népenthès pour les soumettre à la dessiccation puis les bourrer de coton, afin de les utiliser comme objets de décoration .

Le symbolisme actuel des Népenthès, c'est leur aptitude à " garder " , à " économiser " l'eau...
Zone apicale d'une ascidie très vascularisée . Photographie Canon réalisée par Gerboise .

Ces feuilles transformées, ou ascidies sont toujours verticales, plus ou moins cylindriques , parfois pseudo-hexagonales, légèrement comprimées à leur partie supérieure . Chez certaines espèces, elles peuvent atteindre 30 centimètres de hauteur et s'avérer assez volumineuses pour accueillir de petits oiseaux ou mammifères . Mais, de toute manière, elles hébergent une curieuse faune constituée d'espèces animales pourvues d'antipepsines les mettant à l'abri de la lyse (destruction d'une cellule vivante avec libération de son contenu, dissolution ) : des animaux qui vivent normalement ailleurs (des népenthoxènes) , protozoaires, crustacés, larves d'insectes ; des animaux qui trouvent là de bonnes conditions pour passer la phase aquatique de leur vie mais ne sont pas confinées aux Népenthès (ce sont seulement des népenthophiles) . D'autres animaux qui ne se rencontrent que dans les urnes de ces plantes ( ce sont des népenthobiontes) .

Grâce à la présence d'un renforcement vascularisé ( qui contient des vaisseaux) l'outre est maintenue ouverte . Sa face interne possède deux sortes de glandes ( organe dont la fonction est de produire une sécrétion) : celles qui sécrètent un nectar ( substance sucrée que sécrètent les fleurs, les feuilles) et attirent les proies, et celles à vocation digestives, productrices d'enzymes . Ces dernières peuvent être fort nombreuses ( 1000 à 6000 par centimètre) . Le liquide contenu dans les ascidies est, avant la chute d'une proie, neutre et dépourvu d'enzymes . L'arrivée d'un insecte déclenche les sécrétions ( phénomène physiologique par lequel un tissu biologique produit une substance spécifique) acides et diastasiques .

La digestion des proies est-elle une activité propre aux Népenthès lui-même ? ou sont-ce, dans le liquide que renferment les ascidies, des bactéries qui " font " le travail pour le bénéfice de la plante supérieure ? Il semble que la lyse des victimes puisse se faire en l'absence de bactéries . Il n'est pas rare de rencontrer, hormis des bactéries, des cyanobactéries et des algues, ainsi qu'une riche faune à l'intérieur des urnes . Leur comportement est digne d'intérêt .

Népenthès avec ses nombreuses ascidies . Photographie Canon réalisée par Gerboise .

Guerre dans le monde végétal
: pour les Phanérogames ¨carnivores¨ , " tous les coups sont possibles, permis " ! Ces espèces dans ce monde sont capables d'immobiliser ou d'emprisonner des proies animales, et d'en assimiler certains constituants à la faveur de la mise en œuvre d'enzymes ( substances organiques produites par des cellules vivantes, qui agissent comme catalyseurs : catalyse, action par laquelle une substance rend possible une réaction chimique, par sa seule présence, en augmentant la vitesse de réaction et sans l'altérer) dans les changements chimiques protéolytiques ( qui décompose les protéines).
Beaucoup de ces espèces se rencontrent dans les stations [endroits où l'on se place pour effectuer des observations scientifiques, des recherches] acides, pauvres en nitrates ; on peut penser que, chez elles, la capture et la digestion partielle de petites proies leur permettent, peu ou prou, ( quasiment, à peu près) de faire face à la disette (manque, carence, insuffisance) en azote minéral du lieu en s'adressant directement à des sources de protéines .

L'existence de ces plantes carnivores permet de constater l'existence de caractères belliqueux dans le règne végétal de certaines espèces qui les conduisent à " chasser " la proie qu'elles affectionnent (avoir une prédilection, une préférence, une véritable attirance pour ... ; comportement similaire, qui semble être à peu près du même ordre, équivalent à des comportements d' êtres du règne animal !) . On en vient très rapidement à la différenciation de véritables pièges dont l'ingéniosité n'a d'égale que leur efficacité . L'élaboration de raffinements encore plus surprenants : ruses pour inciter les futures victimes à s'approcher des pièges eux-mêmes : odeurs, aspects , formes couleurs, ports ( manières naturelles de se tenir) ...

Une organisation, aussi savante parfois, n'a d'autre objet, apparemment, que de faciliter l'approvisionnement du " végétal-chasseur " en protéines, assurément, mais aussi, sans aucun doute, en composés phosphorés ou potassiques, et même en vitamines .

L'antagonisme [la guerre] (état d'opposition de deux entités, de deux forces ; rivalité, agressivité, concurrence) , le synergisme[l'association pacifique] (état dans lequel se produit une activité simultanée, un concours d'action entre divers organismes dans l'accomplissement d'une fonction) sont partout dans le règne végétal . Il ne demeure aucune place pour l'autosuffisance ou pour l'indifférence .

L'observation attentive des formations végétales qui nous entourent avec les yeux du " sociologue des plantes " ( on dit du phytosociologue ) est très riche d'enseignement . Peut-on tirer un parti positif de certains cas d'antagonisme ( état d'opposition de deux forces, de deux principes, conflits, rivalités) ? C'est évident, en vertu de la formule classique selon laquelle :

" les ennemis de mes ennemis sont mes amis " .

" ... il existe dans la matière vivante des potentialités qui ne se manifestent que dans des conditions très spéciales . Les phénomènes du vivant [symbiose (association biologique durable et réciproquement profitable entre deux ou plusieurs êtres vivants) ... etc....] révèlent comment ces potentialités peuvent engendrer des réactions qui ont des effets créateurs importants " .
R. Dubos .

Peut-on envisager un véritable projet de survie dans l'évolution de cette espèce végétale, une trace du début de mécanisme pouvant conduire vers un comportement tendant progressivement vers un début de réflexion, inné ou, acquit au cours des millénaires ?

Nous pourrons ainsi, mieux comprendre, ces " mécanismes " surprenants, très complexes, très riches de connaissances, tenant un peu du merveilleux(!) , conduisant à un jalon ( ce qui sert à situer, repère) permettant , peut-être une meilleure compréhension de l'évolution de la vie .

Bien à vous, cordialement, Gerboise .

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