mardi 28 juillet 2009

Savoir ! ... Savoir ... ? : Voici une réflexion et une question essentielle .

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" Savoir, ce n'est jamais qu'un degré . - Un degré pour être . Il n'est de véritable savoir que celui qui peut se changer en être et en substance d'être, - c'est-à-dire en acte . "

Paul VALÉRY

- être avide de savoir . Être passionné,désireux, impatient,d'accéder à la connaissance .
- détenir, posséder, engranger, thésauriser ( amasser) des savoirs . En vue de comprendre le monde et les êtres qui nous entourent .
- accéder au savoir , avoir la possibilité de savoir . Tous les enfants, même "défavorisés ", doivent aborder et parvenir aux savoirs .
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communiquer, transmettre son savoir . C'est ce que Gerboise cherche à réaliser ici-même !
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avoir le talent, la force, le pouvoir, les moyens, l'adresse, l'habitude de savoir faire quelque chose .
- Avoir la possibilité de savoir, par l'aptitude, par un effort de volonté ...

- Savoir écouter, se taire ; savoir vieillir, rester jeune ; savoir faire des sacrifices ; savoir renoncer ; savoir aimer ...

" Puisqu'on ne peut être universel et savoir tout ce qu'on peut savoir sur tout, il faut savoir un peu de tout . Car il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d'une chose ; cette universalité est la plus belle ."

PASCAL

" Ce que l'on sait est peu de chose en comparaison de ce qu'on ne sait pas ; quelquefois même ce que l'on ne sait pas est justement ce qu'il semble qu'on devrait le plus tôt savoir ."

FONTENELLE

Voici donc ci-dessus, quelques simples réflexions qu'il est important de savoir ( connaître) ;
en attendant de maîtriser : - ce qui sera présenté plus tard dans notre blog ; puis d'acquérir du savoir-vivre ainsi que du savoir-être.

Bien à vous, cordialement, Gerboise .





samedi 25 juillet 2009

La matière grise : l'intelligence* du cerveau ; les mémoires de l'ordinateur : l'intelligence artificielle** [ !] (première partie ) .

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* intelligence : faculté de comprendre, c'est-à-dire d'interpréter les signes, de saisir par l'esprit la nature des choses et ce qui les explique . Action de connaître, de savoir, de pénétrer par l'esprit . Avoir de l'intelligence, assimiler aisément, apprendre facilement, agir avec discernement.


" L'intelligence n'est que la faculté d'apercevoir des rapports justes et nécessaires entre les objets " Vicomte de Bonald, Théorie du pouvoir .

** intelligence artificielle : ensemble des recherches et des techniques mises au point afin de doter les systèmes informatiques de mécanismes susceptibles de se rapprocher de ceux du cerveau humain .

Voici deux questions sans réponse actuellement ; personne de sensé, raisonnablement, ne peut engager, sa réputation [ sa notoriété] , sa responsabilité, son aura[son prestige] en ces matières !

- L'ordinateur remplacera t-il un jour le cerveau comme la machine a remplacé l'énergie musculaire à la fin du XIXeme siècle ?

- Peut-on parler d'une intelligence artificielle ?

Un raisonnement simpliste conduit à l'admettre (considérer[ une chose abstraite] comme acceptable par l'esprit, par un jugement de réalité ou de valeur) . La pensée est la faculté d'associer un certain nombre d'informations stockées et d'en tirer des idées et des programmes d'action ; or, la machine reçoit des informations et les traite selon les combinaisons de problèmes et de solutions qu'on lui a communiquées . Ce n'est pourtant pas suffisant pour dire qu'elle a une pensée rudimentaire (qui est a l'état d'ébauche, qui n'a atteint qu'un développement très limité) : on la connaît pour l'avoir fabriquée et son mécanisme pour l'avoir programmée, tandis qu'on ne sait pas grand chose sur la constitution intime du cerveau et surtout sur les mécanismes de la pensée ; on ne sait même pas où se logent les informations, c'est-à-dire la mémoire ; le cerveau contient son "propre programme " , tandis que l'ordinateur nécessite un coordinateur préalable .

Les distinctions, les particularités, les différences structurales

(structural : qui étudie les structures, en analyse les éléments [ structure : disposition, agencement des parties ; manière dont un ensemble concret est envisagé dans ses éléments ; forme analysable que présentent les éléments d'un objet ou d'un système ; en sciences, tout ce qui est considéré comme un système défini par des relations réciproques] )


L'ordinateur opère sur un principe d'électronique ; l'information est transmise entre les unités qui le composent par le mouvement d'électrons (particules élémentaires chargées d'électricité négative) se déplaçant à une vitesse approchant celle de la lumière, 300 000 km/seconde ; l'information est traitée séquentiellement à une cadence très rapide .

Le cerveau est une machine chimique ;

des " commutateurs " ( systèmes permettant de modifier un circuit électrique ou les connections entre circuits ; commutation : substitution, remplacement, opposé à permutation ) chimiques ouvrent et ferment les circuits nerveux ; le temps de traitement est plus long . La vitesse de transmission de l'ordinateur est supérieure .

Les éléments qui composent un ordinateur sont d'une grande fiabilité ( caractère de ce qui est fiable : en quoi l'on peut avoir confiance ; ce qui est crédible, exact, sérieux) , mais l'élimination de l'un d'entre eux peut complètement perturber le calcul . Les neurones ont une fiabilité plus limitée mais on peut en supprimer un grand nombre sans que le comportement du système soit modifié d'une façon appréciable .

Le cerveau se restructure en permanence : IL EST VIVANT !

Il a de ce point de vue une supériorité sur l'ordinateur qui en reste à son programme .

Les progrès faits dans la construction des ordinateurs, en 60 ans environ, permettent de supposer qu'un jour ils atteindront la compacité des neurones et des circuits du cerveau humain .

- A - La première machine calculatrice électronique automatisée construite en 1944 était capable de multiplier deux nombres de 23 chiffres ( ~cent mille milliards de milliard ) en 6 secondes .

- B - La deuxième génération représentée en 1959 par le transistor (dispositif électronique utilisé pour redresser ou amplifier les courants électriques) qui se substitua aux lampes permit de multiplier deux nombres de 10 chiffres en 1/100000e de seconde .
- C - La troisième génération, en 1962, correspondit à l'avènement des circuits intégrés : plusieurs transistors imprimés sur un seul module ; l' IBM 360 consomme cent mille watts et occupe plusieurs dizaines de mètres cubes ; pour rivaliser avec la capacité de mémoire du cerveau humain, il consommerait un milliard de watts et il occuperait la moitié de l'Empire State Building .

- D - La quatrième génération a vu le jour en 1970 ; la miniaturisation a conduit à la microélectronique ; sur une pastille de silicium de un millimètre carré, on a pu placer une centaine de milliers de composants et circuits invisibles à l'œil nu . La taille de la " puce " (élément constitué d'un matériau semi-conducteur sur lequel est gravé un circuit intégré [carte à puce] ) n'a cessé de diminuer et les prix de baisser . Plus les circuits sont serrés, plus la rapidité est accrue . Les derniers semi-conducteurs ont à peu près autant de composants que l' écorce cérébrale visuelle (aire corticale sensitive , partie de l'ensemble de l'écorce cérébrale dont l' épaisseur est de trois millimètres et sa surface plicaturée [ repliée sur elle-même en circonvolutions et sillons] est d'environ 2200 centimètres carrés , constitue toute la zone externe du cerveau) qui comporte environ 15 millions de neurones par centimètres carrés .

- E - La grande révolution promise sera l'ordinateur biologique ou bio-ordinateur constitué de composants de protéines ; les microcircuits seront cent mille fois plus petits que les circuits au silicium puisqu'ils contiendront dix milliards de composants (unités fonctionnelles) par millimètre cube ; chiffres fabuleux comparables à la densité des composants (neurones) du cerveau humain ; leur vitesse de conduction ( terme de physique, passage d'un courant électrique d'un élément à un autre [ou de la chaleur] ; action de conduire l'électricité ou la chaleur ; conductibilité : qualité des corps bons conducteurs plus ou moins aptes à transmettre la chaleur ou l'électricité ) sera beaucoup plus grande ...

Nous poursuivrons cette étude en considérant les différences des performances entre ces deux entités, l'une naturelle, l'autre artificielle, dans un prochain billet de notre blog .

Plein de convivialité à vous tous . Des questions pertinentes, seront les bienvenues, cordialement votre .

Bien à vous, Gerboise .

lundi 20 juillet 2009

Question paradoxale* :Pouvons nous définir , existe - t- il un critère** [une preuve, un paramètre***] de la vérité **** .

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*..... paradoxal, ...qui a trait à une proposition logique, à la fois vraie et fausse, en contradiction, qui fait apparaître une incohérence, une absurdité .

** ... critère, ... ce qui sert de base à un jugement ; caractère, signe qui permet de distinguer une chose, une notion , de porter sur un objet un jugement d'appréciation .

*** . paramètre, ... élément dont la connaissance explicite, précise les caractéristiques essentielles d'un ensemble ; ce dont les variations provoquent des variations correspondantes dans la suite des faits considérés .

**** vérité, ... qui dans ses diverses acceptions, significations, s'oppose à erreur et à fausseté . Au sens abstrait [ la vérité] : caractère de ce qui est vrai [ conforme à la réalité ] ( Contraire : faux, erroné, pas vrai . Réflexion : comme une proposition qui n'est pas vraie n'est pas nécessairement fausse [ il est des propositions indécidables, p. ex. ~ il pleuvra le 31 Décembre 2009 ] ) c'est-à-dire identique au réel ; " la vérité de cette proposition est indiscutable " ) .

Il est nécessaire de préciser que les deux valeurs de la logique classique ne sont pas le vrai et le faux [ contraires] , mais le vrai et le pas vrai [ contradictoire] ; or dans le pas vrai sont comprises les valeurs intermédiaires entre le vrai et le faux [ indécidable, douteux, le vraisemblable , l'impossible, l'indéterminé, probable , le plausible] ; le vrai, d'autre part comprend l'effectif, le nécessaire, le réel, le concret, le véritable .

Parler d'un critère de vérité implique la référence de la vérité à un principe ( règle d'action s'appuyant sur un jugement de valeur et constituant un modèle ou un but) , à une mesure ( valeur, capacité appréciée ou estimée) , utilisons un mot neutre, à une instance ( procédure, un domaine particulier de facteurs ou de fonctions régulatrices de la pensée) extrinsèque qui permettrait de juger de la vérité .

Cette entreprise paraît évidemment, telle que nous la formulons ici et dans la mesure où elle est correctement formulée, s'enfermer dans un cercle ( un contexte dont on ne peut sortir , une situation dans laquelle on est enfermé, impliqué , limité ) et renvoyer à l'infini .
Avant de parler de critère de vérité, il faudrait en effet savoir ce qui est conçu comme vérité . Mais comme la vérité est, selon l'hypothèse envisagée ici, définie selon un critère qui lui est extérieur, elle ne saurait être assurée d'elle-même si son critère n'est pas lui-même établi en vérité, c'est-à-dire s'il n'est pas lui-même véritable à son tour .

Le critère de la vérité exige donc naturellement d'être référé ( rapporté à...) à une instance régulatrice, supérieure, ou du moins antérieure et première, qui l'assure .

Or il faut bien s'arrêter, c'est-à-dire il faut bien commencer .

Ce paradoxe mérite d'être bien compris . C'est ce que analyserons dans un prochain feuillet de notre blog .

Bien à vous, cordialement votre, Gerboise .

vendredi 17 juillet 2009

Les fondements, assises , les soubassements de la Science .

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" La science ne repose pas sur une base rocheuse . La structure audacieuse de sa théorie s'édifie en quelque sorte sur un marécage . Elle est comme une construction bâtie sur pilotis ( ensemble de pieux, de pièces de bois, enfoncés en terre pour asseoir, fonder sur une base solide, les fondations surélevées d'une construction sur l'eau ou en terrain meuble [cités lacustres] ) . Les pilotis sont enfoncés dans le marécage mais pas jusqu'à la rencontre de quelque base naturelle ou " donnée " et, lorsque nous cessons d'essayer de les enfoncer davantage, ce n'est pas parce que nous avons atteint un terrain ferme . Nous nous arrêtons, tout simplement, parce que nous sommes convaincus qu'ils sont assez solides pour supporter l'édifice, du mois provisoirement " .

Karl POPPER, La logique de la connaissance scientifique, éditions Payot, 1973 .

Avec toute notre accueillante hospitalité sur notre site , bien à vous, Gerboise

mercredi 15 juillet 2009

L'être humain et la musique, ou la manière de rendre sensible ce que nous ressentons : notre pensée, nos sentiments, nos désirs , nos états d'âme .

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La musique n'est pas un langage ; nul ( terme d'exclusion) auteur d'œuvres musicales n'a pu communiquer à autrui une pensée précise par la voie, par le truchement (au figuré, intermédiaire qui parle à la place d'un autre) , par la médiation des sons , comme il le ferait par la parole ou par l'écriture .

La musique, cette euphonie ( cette harmonie de sons agréablement combinés qui se succèdent) est un mode d'expression et d'extériorisation des émotions et des sentiments, traduit par un agencement sonore lequel est de nature à provoquer à son tour, chez l'auditeur, des sensations, des impressions, des émotions et des sentiments, assez déterminés, dont il prend conscience par son sens musical (avoir l'oreille musicale) .

Certains compositeur, en particulier Strawinsky, considèrent, la musique, par son essence (ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est) , comme impuissante à exprimer quoi que ce soit : un sentiment, une attitude, un état psychologique, un phénomène de la nature . L'expression, disent-ils, n'a jamais été la propriété immanente ( se dit de ce qui est contenu dans la nature d'un être et qui ne provient pas d'un principe extérieur) de la musique ; le phénomène de la musique nous est donné à seule fin d'instituer un ordre dans les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps ; la construction réalisée, l'ordre atteint, tout est dit .
Cette opinion, fièrement intellectualiste ( tendance à tout subordonner à l'intelligence, à la vie intellectuelle) , n'est pas celle de tout le monde, universelle ; certes la musique est incapable par elle seule de communiquer ou d'exprimer des pensées ; elle incline (elle prédispose) au rêve et non à un rêve ; mais elle exprime le sensible, ( le tangible, ce qui peut être perçu par les sens), sinon en elle-même du moins par ses effets en touchant l'âme (la sensibilité,l'humanité) des auditeurs et des exécutants ; c'est en ce sens que de nombreux mélomanes ( personnes qui connaissent et aiment la musique) et nous-mêmes nous l'entendons ; prétendre en réduire le bienfait à un règlement d'ordre dans le temps, est faire fi (dédaigner, mépriser) du sensible alors que l'intelligence ne doit être, en matière musicale, que la servante du cœur .

L'expression musicale est le but de l'art et sa raison d'être .

Elle est le message d'une âme à d'autres âmes . La forme, , si belle soit-elle, n'est qu'un moule vide que le génie ou le talent d'un être doué doit remplir avec la mélodie, le rythme et l'harmonie, s'il veut parvenir à toucher la sensibilité des hommes .

La musique est l'art d'exprimer par des sons les passions, les impressions, les sentiments de toute nature .

Nous aimons et nous écoutons les œuvres musicales dans la mesure où elles touchent notre cœur et provoquent en nous des émotions qui vont du sourire jusqu'aux larmes .

A la différence de celles que fait naître presque instantanément en nous la vue d'un beau site, d'un tableau remarquable ou d'une splendide cathédrale, l'émotion musicale a besoin, pour se manifester pleinement, non seulement de l'espace mais aussi du temps ; la musique est un art de succession ; l'expression est préparée, amenée peu à peu ; elle se développe, change de force, diminue, enfle, éclate, décroît et apaise dans la sérénité d'un accord final qui lentement se perd jusqu'au silence, à moins qu'elle ne s'achève brutalement dans le tonnerre d'un fortissimo ( très fort) ou demeure comme suspendue sur une harmonie dépourvue de cadence .

Pour cet art d'émouvoir qu'est la musique, l'expression est donc un phénomène primordial .

Nous pouvons distinguer trois procédés expressifs :

- l'agogique [ rythme, en musique, répartition des sons dans le temps],
- la dynamique [ mélodie, en musique, ensemble de sons successifs formant une suite reconnaissable et agréable] et
- la modulation [ harmonie , en musique, emploi de sons simultanés, combinaison des parties ou des voix] .

L'agogique consiste, dans les modifications apportées au mouvement rythmique : précipitation, ralentissement, interruptions régulières, etc.

La dynamique se rattache aux variations que l'on fait subir à l'intensité relative des sons, des groupes ou des périodes mélodiques constituant les phrases : renforcement, atténuation, accroissement ou diminution progressive de sonorité, etc. ; ce procédé se réalise aussi et accessoirement sous la forme du timbre des instruments, lequel renforce ou affaiblit le degré dynamique .

Enfin la modulation consiste dans les modifications apportées à la tonalité ; c'est un " procédé expressif d'éclairement ou d'assombrissement " ; l'opposition de tons crée, par les différences de couleurs qu'elle entraîne, des effets sensibles à notre perception et à notre attention . Certains tons sont voisins ou parents, par affinité de leurs accords constitutifs ; d'autres sont éloignés et comme étrangers . La modulation est uniquement expressive et traduit les nuances les plus subtiles de l'émotion musicale .

A la lumière de ces idées générales, il apparaît clairement que l'expression, liée aux divers éléments précités, n'a pu être que très diversement comprise et traduite au cours de l'histoire, selon les variations mêmes de ces éléments, et aussi selon les conceptions musicales et humaines en cours .

L'art a été plus ou moins expressif selon les époques, ou même il ne l'a pas été du tout .
Quand il l'a été, ce fut de façon variée, le goût étant, comme l'homme lui-même, ondoyant ( qui est mobile et change aisément, inconstant, variable) et divers .

Bien à vous, cordialement, Gerboise .

lundi 13 juillet 2009

Voir,entendre,sentir,goûter,toucher,ce n'est pas tout,notre esprit apporte des images qui vont nous permettre d'accéder au monde réel qui nous cerne

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qui nous cerne : qui nous " assiège ", qui nous " bloque " , qui nous " investisse ", qui nous " environne " ( première partie) .

A l'instant où un objet extérieur, tout ce qui nous entoure, " impressionne " nos sens, notre esprit ajoute, de sa propre initiative, aux sensations éprouvées, un certain nombre d'images, de représentations ; ces souvenirs qui complètent la connaissance de l'objet extérieur et présent, ne restent point inertes et immobiles en présence des sensations, comme deux corps qui n'auraient aucune affinité chimique ( action physique responsable de la combinaison des corps [ de la matière] entre eux) l'un pour l'autre . C'est plus qu'une juxtaposition ( accolement ; juxtaposer, c'est mettre plusieurs choses l'une contre l'autre sans les relier, sans créer des liens entre elles ) .

Il se forme en réalité une combinaison ( association intime ; l'action mutuelle de deux ou plusieurs corps qui s'unissent pour former un nouveau corps distinct , exemple : l'interaction de deux volumes d'hydrogène et d'un volume d'oxygène donne de l'eau) , le rapprochement des sensations acquises provenant de l'extérieur, avec les images antérieures inscrites quelque part dans le cerveau , et quoique ces deux éléments proviennent de sources différentes, puisque l'un est sensoriel et l'autre idéal [conceptuel] , ils se réunissent pour former un seul tout .

Ce qui le prouve, c'est que, toutes les fois qu'on modifie le groupe des sensations, il s'ensuit une modification correspondante dans le groupe des images ;

- si avec un prisme on dévie (on écarte de la direction normale) la sensation, l'image se dévie ( se déforme également) ;
- si avec une lorgnette ( petite lunette d'approche portative) on agrandit la sensation, l'image s'agrandit ;
- si avec un miroir plan on répète la sensation ( par réflexion) et on la rend symétrique, l'image se réfléchit et devient inverse dans le plan de ce miroir . Ce retentissement (cette conséquence) sur l'image est un phénomène qui se passe ( se produit) tous les jours, à toute heure, à tout instant, dans nos perceptions sensorielles, c'est-à-dire tout près de nous, en nous .
Si nous ne le remarquons pas ( si cela n'apparaît pas à notre conscience, à notre esprit) , c'est qu'il est trop délicat, trop petit .. Pour le rendre plus apparent, il faut recourir à l'illusion qui le grossit, qui l'amplifie .

Nous appellerons " percept " ( ce qui est perçu, l'objet de la perception, face objective de la sensation) , c'est-à-dire les images de l'objet extérieur définitivement acquises et liées à la sensation excitatrice .

Il nous reste à étudier le lien qui unit la sensation à l'image .

Les expériences précédentes en ont prouvé l'existence, sans en faire connaître la nature .

On peut considérer la perception externe comme une opération de synthèse, puisqu'elle a pour résultat d'unir à des données fournies actuellement par les sens, des données fournies par des expériences précédentes . La perception est une combinaison ( un assemblage d'éléments dans un arrangement déterminé) du présent avec le passé .

Percevoir un corps qui se trouve actuellement dans le champ de la vision ( espace limité dans lequel la vue peut s'exercer) , lui reconnaître telle forme, telle grandeur, telle position dans l'espace, telles qualités, etc : c'est-à-dire les sensations optiques de l'œil, et celles des autres sens - et des éléments passés - c'est-à-dire une foule d'images ; c'est faire de ces éléments dépareillés un seul corps . C'est là un phénomène qui échappe complètement à la conscience ; à ne consulter que ce témoin, l'opération de percevoir un objet paraît être un acte facile et naturel qui n'exige de notre part aucun effort de réflexion ; en réalité c'est là une illusion . L'expérience et le raisonnement nous prouvent que dans toute perception il y a travail .

Mais la quantité de travail n'est pas constante ; il est clair qu'elle varie souvent les circonstances . On aurait tord de croire que la perception constitue une espèce unique ; c'est une forme d'activité dont la nature est très variable, car elle confine ( forcer à rester dans un espace limité) par une de ses extrêmes limites au raisonnement conscient, formé de trois propositions verbales, et, par l'autre bout, , elle se confond avec les actes les plus élémentaires et les plus automatiques, les réflexes par exemple . La quantité de travail que la perception consomme croît dans la série ascendante, et devient même très sensible, quand on approche des raisonnements dans lesquels intervient une part manifeste de réflexion et de comparaison ; à l'inverse le travail décroît quand on descend vers les actes réflexes ( réactions spontanées et rapides où n'intervient pas le jugement, à une situation nouvelle) , sans devenir, toutefois, complètement nul .

Il est donc important de donner quelques exemples des diverses espèces de perceptions .

" Tout d'abord, avant toute chose, disait James Sully, [ Illusions des sens et de l'esprit, 1883 ] , décrivant les degrés de la perception visuelle, vient la construction d'un objet matériel, d'une forme et d'une grandeur particulière, à une distance caractéristique, c'est-à-dire la reconnaissance d'une chose tangible (concrète) , ayant certaines propriétés d'espace simples, et étant dans un certain rapport avec d'autres objets, et plus particulièrement avec notre propre corps . C'est là la simple perception d'un objet, qui a toujours lieu, même lorsqu'il s'agit d'objets parfaitement nouveaux, pourvu qu'on ne les voie d'une façon assez distincte .
Cette partie de l'action de combinaison, qui est la plus instantanée, la plus automatique et la plus inconsciente, peut être considérée comme répondant aux rapports d'expérience les plus constants, et par conséquent les plus profonds .

La deuxième étape de cette action de construction présentative est la reconnaissance d'un objet comme faisant partie d'une classe particulière, par exemple celle des fraises, ayant certaines qualités spéciales, comme tel ou tel goût .
Dans cette phase, les rapports d'expérience sont moins profondément organisés, de sorte que nous pouvons, dans une certaine mesure, par la réflexion, y reconnaître une sorte de mise en œuvre intellectuelle des matériaux que nous fournit le passé .

Une phase encore moins automatique dans l'action de reconnaissance visuelle est l'acte de reconnaître les objets particuliers ; par exemple, l'abbaye de Westminster, ou notre ami John Smith .

La somme d'expériences qui est reproduite ici peut être très considérable, comme lorsqu'il s'agit de reconnaître une personne avec laquelle nous sommes depuis longtemps intimes ...

Arrivés à ces dernières phases de la perception nous touchons à la commune limite de la perception et de l'inférence ( acte d'inférer, c'est-à-dire de tirer d'un fait, ou d'une proposition donnés, la conséquence qui en résulte) .

Reconnaître un objet comme appartenant à une classe, c'est souvent affaire de réflexion consciente et de jugement, alors même que cette classe est constituée par des qualités matérielles de première évidence, et qui peuvent être considérées comme immédiatement saisies par les sens .
A plus forte raison la perception devient-elle inférence quand la classe est constituée par des qualités moins faciles à saisir, qui exigent, pour être reconnues, une longue et laborieuse suite de souvenirs, de distinctions et de comparaisons ...

Dire où il faut tracer ici la ligne de démarcation entre la perception et l'observation d'une part, et l'inférence de l'autre, est évidemment impossible "

Nous pouvons ajouter que la perception, dans les phases les plus élevées de son développement, prend un caractère particulier . Dans la perception rudimentaire, l'esprit infère simplement des sensations qu'il reçoit par l'un de ses organes [par exemple l'œil] que l'objet a encore d'autres propriétés que les autres sens percevraient, si c'était nécessaire et si nous le désirions ; ainsi lorsque nous regardons à l'intérieur d'un four métallurgique, la poche d'acier liquide, la couleur rouge réveille en nous [si nous l'avons déjà vu, observé ] l'idée de chaleur, que nous pourrions éprouver directement en approchant notre main .
Une telle perception se réduit à une suppléance ( suppléer, c'est ajouter en vue de remplacer ce qui manque, combler un vide, remédier à une insuffisance) du toucher par la vue .

Mais dans les perceptions plus complexes qui tiennent du raisonnement proprement dit, il en est tout autrement ; lorsque nous reconnaissons à l'inspection d'une simple feuille qu'un arbre est un chêne, un érable, un marronnier, lorsque nous découvrons, sur le terreau d'un sentier forestier, une empreinte d'un sanglier, sur la branche d'un arbre, un nid d'oiseau, la sensation que notre œil reçoit évoque l'image d'objets dont nous ne pouvons pas faire immédiatement l'expérience .
Cependant ce sont toujours des opérations du même genre, des suggestions d'images par une sensation actuelle, et il n'y a pas de raison de croire que le mécanisme de cette suggestion soit différent dans les deux cas .

Pour reprendre en quelque sorte, résumer les faits qui précèdent, nous pouvons réduire tous les actes de perception a deux types : la reconnaissance spécifique et la reconnaissance individuelle . Il serait intéressant de savoir si une perception individuelle commence par être générique (qui appartient au genre : opposé à spécifique) , et n'arrive que par degrés, par une progression régulière, à son développement complet .

Nous poursuivrons cette analyse dans une prochaine étape de notre blog Savoirs et Réflexions . ( voir la deuxième partie) .

Bien à vous, cordialement, Gerboise .

lundi 6 juillet 2009

Les erreurs concernant les observations,les constatations,les contrôles,les témoignages,les défauts de vigilance et les diverses sortes d'ignorance* .

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* - Cinquième partie, suite du Mardi 12 Mai 2009 .

VOIR ... ! ce verbe se construit fréquemment comme un auxiliaire, avec un autre verbe à l'infinitif . Quand voir est ainsi suivi d'un infinitif, le pronom complément se place avant les deux verbes .

Je l'ai vu expérimenter d'une manière fructueuse , au laboratoire, des jours entiers, du lever du jour à la tombée de la nuit.
Nous les avons vus discuter des erreurs possibles, tous les deux de leurs résultats, âprement, sans en démordre .

Puis, je l'ai vu tout vérifier, avec toute sa patience, point par point, inlassablement .
Enfin, décontracté, je l'ai vu sourire . C'était fini !

Dans ces propositions ci-dessus, il y a en réalité une proposition infinitive dont ce pronom est le sujet .

Le verbe transitif VOIR .

A - Au sens propre du verbe VOIR : Percevoir des objets, des êtres, des phénomènes, par l'organe de la vision .

B - Au sens élargi du verbe VOIR : Être témoin d'un fait, d'un phénomène ; regarder, considérer avec attention .
On dit également [ ce qui est une des sources d'erreur parmi les plus fréquentes, et dont les conséquences sont les plus négatives] , quand on doute, lorsque l'on sent que l'on devrait mettre en cause une observation, un résultat et que cependant on ne veut pas se donner la peine de les examiner à nouveau, de réaliser de nouveaux contrôles, d'effectuer des vérifications plus approfondies : d'où cette expression inadmissible ~j'aime mieux le croire [il me semble que ..., il m'apparaît que ..., cela à l'air d'être ... ! ] que d'y aller voir ~.

C - Au sens figuré du verbe VOIR :

-Examiner , si cela arrive nous verrons ce qu'il faudra faire pour éviter cette maladresse . Ceci est à voir ; je verrai, nous verrons; il faut voir .

-Essayer, éprouver, expérimenter, vérifier , voyez si le cristal s'est développé normalement . Faire une chose pour voir .

-Remarquer, trouver , j'ai vu dans le filon que ... ; où avez-vous vu cette particularité déconcertante ?

-Acquérir des connaissances par l'expérience, par la fréquentation des hommes, par les voyages , il a vu beaucoup de gisements miniers ; " quiconque a beaucoup vu peut avoir beaucoup retenu " [La Fontaine] ; nous en avons bien vu d'autres : se dit pour signifier qu'on méprise les menaces de quelqu'un, ou qu'on ne s'inquiète pas des dangers présents, des événements dont on est témoin .

-S' apercevoir, prévoir, comprendre , ne voyez-vous pas qu'il se trompe, qu'il commet une erreur ? voir clair dans un phénomène ; n'y voir que du feu : n'y rien comprendre ; je vis trop tard qu'une cristallisation anormale s'était produite .

-Juger, apprécier , je vois le contresens comme vous ; je ne voyais rien d'erroné dans ce raisonnement ; voir juste ; chacun a sa manière de voir les fausses apparences .

-Reconnaître, considérer comme , ceux qui ne verraient dans cette réaction qu'un épiphénomène aléatoire, lié au hasard, car réalisé dans des conditions incertaines , n'auraient rien compris .

-Connaître par intelligence , cet ingénieur avait vu immédiatement la méprise .

-Connaître, apprécier, ressentir , voir favorablement l'orientation des recherches ; voir juste ; voir les choses de travers ; on commence a y voir clair .

-Concevoir, imaginer , voir la réalité telle qu'elle est , peut-être entachée d'inexactitudes ; il faudrait voir à ne pas décrire n'importe quoi ; cela ne s'est jamais vu,c'est une contre-vérité .

Après avoir survolé de nombreux domaines définis, qualifiés, par le verbe VOIR, concernant certains domaines ou champs dans lesquels des égarements peuvent se produire, nous pouvons maintenant aborder une troisième partie , peut-être la plus cruciale, riche de conséquences, en vue d'être capable d'acquérir une maîtrise de qualité, exemplaire, indiscutable, absolue des connaissances et de toutes les informations parfois incorrectes, mal fondées, par moments aberrantes, qui nous arrivent de toute part et également, malheureusement de temps en temps de notre propre personne.


III - EXCLUSION , suppression, élimination des ERREURS .

Si les erreurs qui nous guettent sont nombreuses, il y a heureusement un certain nombre de moyens de les annuler ou de les éviter .

Dans le domaine physique , on peut corriger un résultat affecté d'une erreur constante lorsqu'on connaît la grandeur de l'erreur : il suffit alors d'en retrancher l'erreur .

En psychologie ce moyen n'est guère praticable . Tout l'effort devra donc tendre à éviter ou à éliminer l'erreur par une stratégie générale complétée par une tactique particulière appropriée .

A - La guerre [donner la chasse ] à l'erreur SYSTÉMATIQUE

comporte trois opérations :

- le procédé d'évitement,
- le procédé différentiel,
- le procédé de renversement .

- Le premier s'applique à toutes les catégories d'erreurs systématiques ;
- Le second n'est pas toujours réalisable lorsque l'erreur est variable ;
- Le troisième suppose que l'erreur est une grandeur constante ou régulièrement croissante ou décroissante .

1 ~Le procédé d' évitement

consiste à se placer dans des conditions telles que le facteur perturbateur n'agisse plus . Si, lors d'une expérience avec une personne sensible en formation et particulièrement avec un enfant, on constate que l'émotion, la timidité du sujet, ou son incompréhension de ce qu'il doit faire influe sur les résultats de l'expérience, on ne tiendra compte de ces résultats qu'à partir du jour où la personne, l'enfant, enfin apprivoisé, exécutera avec l'attention ce qu'on lui demande .
C'est du reste une bonne mesure à adopter que de faire toujours exécuter aux sujets des expériences préalables d'essai, dont on ne compte pas les résultats, et qui ont seulement pour but d'accoutumer le sujet à l'appareil, au contexte, et de supprimer ainsi l'erreur temporelle provenant du facteur habitude ou exercice .
Mais une ou deux épreuves d'essai ne suffisent pas pour éliminer complément l'influence de l'exercice, et lorsqu'il y a intérêt à ce que ce facteur soit entièrement supprimé de façon qu'il masque pas les effets particuliers qu'on veut constater, on recourra à la méthode des répétitions, qui consiste à répéter les expériences préliminaires jusqu'à ce que l'exercice ait atteint son maximum . A ce moment, si l'on introduit un nouveau facteur dans l'expérience, on pourra saisir son action .

2 - Un autre moyen, le procédé différentiel ,

consiste à 'éliminer l'influence d'une erreur est de s'arranger de façon que cette erreur reste toujours la même à travers toute la série des expériences . Les résultats des diverses expériences seront tous affectés de cette erreur, mais, comme cette erreur sera identique, cela n'empêchera pas leur comparaison ; ils n'auront pas de valeur absolue, mais ils conserveront leur valeur relative .
La présence constante de cette valeur n'empêchera donc pas les différences entre telle et telle épreuve de se manifester . C'est pourquoi on nomme ce procédé " différentiel " .

Ce procédé n'est applicable que si l'on peut maintenir constante la grandeur de la cause qui produit l'erreur .

Ainsi, si la chaleur ou le froid influe sur le sujet, on expérimentera dans une chambre dont la température sera toujours la même . Mais le plus souvent nous ne pourrons pas graduer à notre gré ni évaluer exactement la cause d'erreur, et nous en serons alors réduits à des présomptions ( à des suppositions, à ce qui est mal établi) .

Si par exemple, nous voulons comparer respectivement chez un enfant et chez un adulte la capacité de la mémoire auditive à celle de la mémoire visuelle, il sera nécessaire de réaliser les expériences dans les mêmes conditions de fatigue des individus qui participeront aux tests .
Si nous désirons comparer, lors d'un colloque scientifique, ces deux types de mémoire chez un participant assis dans la salle, avant ou après sa propre intervention à la tribune, les résultats pourront être différents car le stress, les préoccupations ne seront pas les mêmes à ces deux moments . Cette capacité d'écoute de l'intervenant et l'aptitude à l'observation visuelle des schémas présentés sera variable pour cet individu . Les résultats ne seront pas fiables (sûrs, crédibles, ce en quoi nous pouvons avoir une plus ou moins grande confiance) .
Il en sera de même pour un enfant en fonction du moment de la journée où seront réalisées les expériences, les états de fatigue et donc d'attention pourront varier et donc provoquer des réponses très différentes . Seul un grand nombre d'interventions à des moments différents de la journée et dans des circonstances diverses pourront nous fournir des résultats constants ou variables , eux également, plus ou moins fiables .

Si nous réfléchissons à toutes les possibilités de variables diverses pouvant intervenir, nous devons constater que ce type de problème est très complexe et ce n'est qu'en réalisant un grand nombre d'expériences et des études statistiques que nous pourrons envisager d'obtenir des résultats approchant une certaine réalité ! Nous poursuivrons notre investigation dans une sixième partie dans laquelle les erreurs fortuites seront prises en considération .

Bien à vous, cordialement, Gerboise .

samedi 4 juillet 2009

Le loup et le renard : Fable de Monsieur Jean de la Fontaine . Le naturel du loup*, la ruse du renard .

.

*est-ce la réalité ?


LE LOUP ET LE RENARD

Cette fable va nous permettre de comprendre pourquoi le personnage du Loup et celui du Renard ont eu de tout temps autant de succès dans l'imagerie populaire . La complémentarité de leurs mœurs dans les esprits de l'époque est à l'origine de cette appréciation, de ce courant de pensée exprimé dans de nombreux proverbes .

Dans la peinture, la représentation, franche et parfois brutale que ces proverbes français nous proposent, les rapports de force qui régissent les relations humaines . Ils y sont présentés avec une certaine ironie . Leur rôle essentiel y figurent dans toutes les circonstances : au premier, le Loup, la force affichée et cruelle, barbare, implacable , la véhémence ; au second, le Renard, la ruse, la manœuvre, l'adresse, la roublardise, parfois la perfidie .

Nous sommes amenés à prendre conscience, à nous apercevoir aussi , que de telles images servent moins à illustrer, à personnifier même plus que nous pouvons le penser, ces mécanismes abstraits que sont la force et la ruse , qu'à les fonder légitimement en nature .

L'ordre naturel n'est pas demandé, prescrit, requis par la métaphore proverbiale pour expliciter les phénomènes sociaux ou inter-individuels, le culturel en général, mais pour le dénoncer comme leurre ( leurrer : attirer par des apparences séduisantes, des espérances vaines, tromper, abuser ) , leurre idéologique et symbolique .

Le naturel du Loup est suffisamment connu (pas forcément !) pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en préciser les utilisations proverbiales . Disons seulement que l'intérêt ne réside pas tant dans le rappel de son application au domaine humain que dans l'usage qui en est fait : l'important n'est pas de dire qu'il y a des hommes qui se conduisent comme des loups, ou comme des renards, mais qu'on ne saurait être déchargé de toute responsabilité quand nous devenons leur victime, tellement leurs intentions sont claires et communes . C'est la leçon des proverbes et bien souvent des Fables de Jean de la Fontaine :

" Quiconque est loup agisse en loup " .

La scène sociale serait plus fréquentable si chacun acceptait d'assumer son rôle, fût-ce celui de méchant .
Oui ! : les loups ne se mangent pas entre eux !

Voici cette fable pleine de réflexions qu'est :

Le Loup et le Renard

" Mais ( ce début : "mais " , ressemble à ce que la rhétorique appelle un exorde [introduction ] ex abrupto . " Mais s'emploie, dit le Littré, en commencement d'une phrase qui a quelque rapport avec ce qui précède " . La Fontaine a déjà plusieurs fois parlé du renard, du loup ; il semble ici, reprendre et continuer un propos interrompu, et il fait allusion aux précédentes fables où figure le renard et celles où figurent les loups ) d' où vient qu'au renard Esope (fabuliste grec) accorde un point (un avantage) ,
C 'est (c'est, qui est de ...à savoir de ...) d'exceller en tours pleins de matoiserie (matois : fin, rusé) ?
J'en cherche la raison, et ne la trouve point .
Quand le loup a besoin de défendre sa vie,
.... Ou d'attaquer celle d'autrui,
.... N'en sait-il pas autant que lui ?
Je crois qu'il en sait plus ; et j'oserois peut-être
Avec quelque raison contredire mon maître .
Voici pourtant un cas où tout l'honneur échut (appartient, incombe)
A l'hôte des terriers . Un soir il aperçut
La lune au fond d'un puits : l'orbiculaire (ce mot indique la rondeur pleine de l'astre) image
.... Lui parut un ample fromage .
.... Deux seaux alternativement
.... Puisoient le liquide élément :
Notre renard pressé par une faim canine (cette expression est devenue proverbiale pour indiquer une faim extrême) ,
S'accommode ( se place avec soin et précaution, se met à l'aise ; ce mot se prenait quelquefois comme synonyme de s'ajuster, se parer) en celui qu'au haut de la machine
.... L'autre seau tenoit suspendu .
.... Voilà l'animal descendu,
.... Tiré d'erreur mais fort en peine,
.... Et voyant sa perte prochaine :
Car comment remonter, si quelque autre affamé,
.... De la même image charmé (fasciné . C 'est toujours le sens de ce mot, dans les bons auteurs) ,
.... Et succédant à sa misère (détresse, mésaventure) ,
Par le même chemin ne le tiroit d'affaire ?
Deux jours s'étoient passés sans qu'aucun ( quelqu'un) vint au puits .
Le temps, qui toujours marche, avoit pendant deux nuits
.... Échancré ( couper en dedans en forme de croissant) , selon l'ordinaire,
De l'astre au front d'argent la face circulaire .
.... Sire renard étoit désespéré .
.... Compère loup, le gosier altéré,
.... Passe par là . L'autre dit : " Camarade,
Je veux vous régaler : voyez-vous cet objet ?
C'est un fromage exquis . Le dieu Faune ( dieu des champs et des troupeaux, chez les Grecs) l'a fait :
.... La vache Io (Io, fille d' Inachus, aimée de Jupiter, et changée en vache par ce dieu) donna le lait .
.... Jupiter, s'il étoit malade,
Reprendroit l'appétit en tâtant d'un seul mets (ce mot, qui d'abord s'est écris més , vient du latin missus, " ce que l'on sert, ce que l'on envoie " ).
.... J'en ai mangé cette échancrure ;
Le reste vous sera suffisante pâture .
Descendez dans un seau que j'ai là mis exprès " .
Bien qu'au moins mal (au indique ici la manière dont la chose se fait) qu'il pût il ajustât ( ajusta, à la circonstance : " Cela s'ajuste mal au dessein que vous avez " ) l'histoire,
.... Le loup fut un sot de le croire :
Il descend ; et son poids emportant l'autre part,
.... Reguinde ( le verbe guinder signifie lever en haut par le moyen d'une machine . En forgeant le composé " reguinde " , La Fontaine a voulu dire que le Renard, au moyen du seau, comme d'une machine, remontait dans la direction par laquelle il était descendu . Reguinder se dit en fauconnerie, de l'oiseau qui fait une nouvelle pointe au-dessus des nues, c'est-à-dire qui s'élève en haut par un nouvel effort : mais en ce sens il est neutre ou réfléchi ; tandis qu'il est actif dans le vers de La Fontaine ) en haut maître Renard .

Ne nous en moquons point : nous nous laissons séduire
.... Sur aussi peu de fondement ;
.... Et chacun croit fort aisément
.... Ce qu'il craint et ce qu'il désire .

Jean de La Fontaine

Le personnage du Loup a été, en de nombreuses fables, exploité, mis en jeu, par cet auteur :

Le Loup et l'agneau ;
Le Loup devenu Berger ;
Le Loup et les Bergers ;
Le Loup et le Chasseur ;
Le Loup, la Chèvre et le Chevreau ;
Le loup et le Chien ;
Le loup et le Chien maigre ;
Le loup et la Cigogne ;
Le loup, la Mère et l'Enfant ;
Le loup et le Renard ( voir ci-dessus) ;
Le Loup et le Renard ( voir le prochain billet ) ;
Le loup plaidant contre le Renard, par-devant le singe ( voir un billet ultérieur) ;
Les loups et les Brebis .

Réflexions de Gerboise :

Le Loup est-il capable d'une telle stupidité ?
Est-il vraiment incapable de faire la différence entre un fromage et son image, la réflexion sur le plan d'eau au fond du puits ? Est-ce un animal aussi stupide ?
Jean de La Fontaine n'a -t-il pas subit " Ce qu'on appelle l'air du temps " ; les loups, à l'époque, étaient considérés comme des êtres nuisibles qu'il fallait, par tous les moyens, éliminer et surtout déconsidérer .
Nous verrons que les Loups agissent souvent " en meutes " . Il règne (il existe) dans ces meutes, un esprit de coopération régit par la communauté, une stratégie gérée par un chef de groupe, des tactiques misent en œuvre par chaque membre de cette collectivité au moment voulu, comprisent et admisent , à chaque instant, par tous.

Non, le Loup n'est certainement pas le personnage décrit par le grand fabuliste . Nous développerons ce thème dans un prochain billet .

Bien à vous, cordialement, Gerboise .