mercredi 15 juillet 2009

L'être humain et la musique, ou la manière de rendre sensible ce que nous ressentons : notre pensée, nos sentiments, nos désirs , nos états d'âme .

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La musique n'est pas un langage ; nul ( terme d'exclusion) auteur d'œuvres musicales n'a pu communiquer à autrui une pensée précise par la voie, par le truchement (au figuré, intermédiaire qui parle à la place d'un autre) , par la médiation des sons , comme il le ferait par la parole ou par l'écriture .

La musique, cette euphonie ( cette harmonie de sons agréablement combinés qui se succèdent) est un mode d'expression et d'extériorisation des émotions et des sentiments, traduit par un agencement sonore lequel est de nature à provoquer à son tour, chez l'auditeur, des sensations, des impressions, des émotions et des sentiments, assez déterminés, dont il prend conscience par son sens musical (avoir l'oreille musicale) .

Certains compositeur, en particulier Strawinsky, considèrent, la musique, par son essence (ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est) , comme impuissante à exprimer quoi que ce soit : un sentiment, une attitude, un état psychologique, un phénomène de la nature . L'expression, disent-ils, n'a jamais été la propriété immanente ( se dit de ce qui est contenu dans la nature d'un être et qui ne provient pas d'un principe extérieur) de la musique ; le phénomène de la musique nous est donné à seule fin d'instituer un ordre dans les choses, y compris et surtout un ordre entre l'homme et le temps ; la construction réalisée, l'ordre atteint, tout est dit .
Cette opinion, fièrement intellectualiste ( tendance à tout subordonner à l'intelligence, à la vie intellectuelle) , n'est pas celle de tout le monde, universelle ; certes la musique est incapable par elle seule de communiquer ou d'exprimer des pensées ; elle incline (elle prédispose) au rêve et non à un rêve ; mais elle exprime le sensible, ( le tangible, ce qui peut être perçu par les sens), sinon en elle-même du moins par ses effets en touchant l'âme (la sensibilité,l'humanité) des auditeurs et des exécutants ; c'est en ce sens que de nombreux mélomanes ( personnes qui connaissent et aiment la musique) et nous-mêmes nous l'entendons ; prétendre en réduire le bienfait à un règlement d'ordre dans le temps, est faire fi (dédaigner, mépriser) du sensible alors que l'intelligence ne doit être, en matière musicale, que la servante du cœur .

L'expression musicale est le but de l'art et sa raison d'être .

Elle est le message d'une âme à d'autres âmes . La forme, , si belle soit-elle, n'est qu'un moule vide que le génie ou le talent d'un être doué doit remplir avec la mélodie, le rythme et l'harmonie, s'il veut parvenir à toucher la sensibilité des hommes .

La musique est l'art d'exprimer par des sons les passions, les impressions, les sentiments de toute nature .

Nous aimons et nous écoutons les œuvres musicales dans la mesure où elles touchent notre cœur et provoquent en nous des émotions qui vont du sourire jusqu'aux larmes .

A la différence de celles que fait naître presque instantanément en nous la vue d'un beau site, d'un tableau remarquable ou d'une splendide cathédrale, l'émotion musicale a besoin, pour se manifester pleinement, non seulement de l'espace mais aussi du temps ; la musique est un art de succession ; l'expression est préparée, amenée peu à peu ; elle se développe, change de force, diminue, enfle, éclate, décroît et apaise dans la sérénité d'un accord final qui lentement se perd jusqu'au silence, à moins qu'elle ne s'achève brutalement dans le tonnerre d'un fortissimo ( très fort) ou demeure comme suspendue sur une harmonie dépourvue de cadence .

Pour cet art d'émouvoir qu'est la musique, l'expression est donc un phénomène primordial .

Nous pouvons distinguer trois procédés expressifs :

- l'agogique [ rythme, en musique, répartition des sons dans le temps],
- la dynamique [ mélodie, en musique, ensemble de sons successifs formant une suite reconnaissable et agréable] et
- la modulation [ harmonie , en musique, emploi de sons simultanés, combinaison des parties ou des voix] .

L'agogique consiste, dans les modifications apportées au mouvement rythmique : précipitation, ralentissement, interruptions régulières, etc.

La dynamique se rattache aux variations que l'on fait subir à l'intensité relative des sons, des groupes ou des périodes mélodiques constituant les phrases : renforcement, atténuation, accroissement ou diminution progressive de sonorité, etc. ; ce procédé se réalise aussi et accessoirement sous la forme du timbre des instruments, lequel renforce ou affaiblit le degré dynamique .

Enfin la modulation consiste dans les modifications apportées à la tonalité ; c'est un " procédé expressif d'éclairement ou d'assombrissement " ; l'opposition de tons crée, par les différences de couleurs qu'elle entraîne, des effets sensibles à notre perception et à notre attention . Certains tons sont voisins ou parents, par affinité de leurs accords constitutifs ; d'autres sont éloignés et comme étrangers . La modulation est uniquement expressive et traduit les nuances les plus subtiles de l'émotion musicale .

A la lumière de ces idées générales, il apparaît clairement que l'expression, liée aux divers éléments précités, n'a pu être que très diversement comprise et traduite au cours de l'histoire, selon les variations mêmes de ces éléments, et aussi selon les conceptions musicales et humaines en cours .

L'art a été plus ou moins expressif selon les époques, ou même il ne l'a pas été du tout .
Quand il l'a été, ce fut de façon variée, le goût étant, comme l'homme lui-même, ondoyant ( qui est mobile et change aisément, inconstant, variable) et divers .

Bien à vous, cordialement, Gerboise .

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