dimanche 23 août 2009

Où désire vous~ amener~* Gerboise? Cette réflexion de Herbert Spencer implique des considérations valables pour toutes les circonstances de la vie.

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* vous ~amener ~ : vous conduire,vous convaincre, vous entraîner petit à petit à quelque acte ou état de pensée , à des vérités efficientes : ces facultés de faire, de produire des effets .

" Il faut enseigner le moins possible et faire trouver le plus possible "

Herbert Spencer, philosophe anglais, 1820-1903, " Premiers Principes " 1862 .


" C'est en forgeant qu'on devient forgeron " : l' habileté manuelle et intellectuelle ne s"acquiert que par la pratique , en s'exerçant.

Les questions qui doivent venir immédiatement à votre esprit sont les suivantes :

- Que dois-je penser du précepte de Herbert Spencer (formule qui exprime un enseignement, une règle [art, science, morale, religion ], de cette sentence ?

- Dans quelle mesure peut-il s'appliquer à l'enseignement pour des enfants ?

I - Quelles étaient les intentions de Herbert Spencer lorsqu'il écrivit cette maxime, cette phrase pleine de sagesse : mettre en opposition deux méthodes de formation des jeunes esprits, une démarche expositive et une procédure interrogative ? C'est de nous indiquer certainement celle qu'il préférait !

II - Vous-même, que pensez-vous de cette certitude de l'auteur ? A l'évidence , de s'inspirer de ce constat et de réfléchir à toutes les conséquences des deux points de vue .

1 - Que se produit-il, en effet, quand le " maître [ l'adulte] , enseigne " c'est-à-dire parle, expose sans interruption ?

- Les enfants demeurent passifs ; il n'est pas donné satisfaction à leur besoin d'activité .

- Mobiles et distraits par nature, ils ne peuvent prêter aux leçons une attention soutenue ; bientôt ils n'écoutent plus et s'ennuient .

- Leur mémoire seule est en jeu .

" Dire les choses à un enfant ..., c'est faire de lui un simple réceptacle des observations d'autrui ... ; c'est le frustrer du plaisir de la difficulté vaincue, c'est remplacer l'attrait des connaissances qu'on se donne à soi-même par le dégoût d'un enseignement formel " [ H. Spencer] .

- Les élèves ne profitent qu'à un faible degré de l'enseignement qu'ils reçoivent . Cet enseignement d'ailleurs, ils ne le suivent que d'un esprit distrait, et souvent même ne le comprennent pas . Herbert Spencer s'élève contre

" la manie de gaver l'enfant d'une science qu'il ne peut digérer " ,contre

" la conviction, chez certains maîtres, qu'un jeune esprit n'est qu'un récipient inerte, et que toute instruction est nécessairement communiquée par autrui " .

- Il n'est jamais fait appel à l'esprit d'observation, au jugement, au raisonnement, à l'imagination .

Ces facultés n'étant pas développées, les élèves n'auront plus tard ni le goût, ni les moyens de continuer à s'instruire .

2 - Que se produit-il, au contraire, quand le maître " fait trouver " ?

- Les élèves jouent un rôle essentiellement actif, et l'activité est, pour eux, la première condition du succès .

- Ils prêtent, sans effort, une attention constante aux interrogations du maître .

- Leur esprit est toujours en éveil ; à chaque instant, ils sont appelés à observer, à juger, à raisonner .

" Les jeunes intelligences stimulées, comme par autant de défis, par des interrogations du maître, vont courageusement avec lui à l'assaut de la vérité " [Félix Thomas] .

Et l'effort porte avec lui sa récompense : quelle joie pour l'enfant, d'avoir " trouvé " , " découvert " , c'est-à-dire " triomphé " !

- Les connaissances se fixent aisément dans l'esprit de l'enfant .

" Tout fragment de savoir conquis par lui, tout problème dont il a trouvé la solution, devient son bien, sa chose, cela par droit de conquête ... L'activité d'esprit ... , la concentration de la pensée, sans laquelle aucun progrès n'est possible, l'excitation délicieuse qui accompagne le triomphe, tout concours à graver les faits dans la mémoire beaucoup plus profondément que ne le serait la lecture du meilleur livre ou la parole du meilleur maître " [ H. Spencer] .

- L'élève, l'enfant , habitué à trouver son plaisir dans l'étude, continuera à s'instruire, une fois sorti de l'école, à développer son esprit critique, à jauger les informations qui lui arrivent de toute part .

III - Dans une certaine mesure, jusqu'à quel certain point, ce précepte peut-il être mis en application, en pratique dans l'enseignement, la formation des enfants ?

Le précepte présenté est d'une application aisée, facile dans les classes de l'école primaire . Mais encore, faut-il que les enseignants, les adultes sachent se garder de toute exagération .

Herbert Spencer ne dit pas qu' il ne faut jamais enseigner, et qu ' il faut toujours trouver .

Sa préférence, qu'il indique nettement, n'a rien d'exclusif . Enseigner le moins possible, faire trouver le plus possible : telle est exactement sa pensée .

La part de la méthode d'exposition suivie et celle de la méthode interrogative, dans les classes des écoles primaires, varieront suivant la nature des leçons et suivant l'âge des enfants .

- Certains enseignements, ceux de la morale, des leçons de choses, du calcul, par exemple, s'accommodent parfaitement de l'emploi de la méthode interrogative . Mais le meilleur interrogateur ne fera jamais découvrir les faits de l'histoire ou les notions essentielles de la géographie . ~~~~~ Là, il faut bien " enseigner " . Cependant il sera toujours possible au maître de couper son exposition par quelques questions .

° Que pensez-vous de ce personnage ?

° Quelles vous paraissent être les causes de cet événement ?

° de ses conséquences ?

° Comment peut-on expliquer cette particularité géographique ? ...

L'élève sera ainsi invité à réfléchir, et souvent il " trouvera " .

- Le maître ne doit jamais s'abstenir de " faire trouver " , quand l'occasion s'offre à lui de recourir à ce moyen d'instruction . Mais, au fur et à mesure que ses élèves deviennent capables d'une attention plus prolongée, il restreint la part de l'interrogation .

L'interrogation, en effet, exige beaucoup de temps ; la méthode d'exposition, combinée avec la méthode interrogative, permet de faire étudier plus rapidement, au cours supérieur, les questions importantes du programme .

IV - Épilogue, conclusion .

C'est mal enseigner que de servir aux enfants la science toute faite, les faits bruts, non liés aux divers contextes .

Le bon maître ne parle pas seul ; toutes les fois qu'il lui est possible, il interroge, il suggère, " fait trouver " .

N'avez-vous pas remarqué les " rôles constructifs " que possèdent beaucoup de pages de ce blog ?

Comment se rendre compte, et surtout savoir si l'information que l'on "possède " et nos réflexions qui "imbibent " nos pensées ont été conçues, sont nées dans les structures de notre esprit, ou ont été acquises au contact du monde extérieur, toutes faites ?

C'est là, non pas une sinécure (situation de tout repos) , mais un réel problème . C'est ce que nous étudierons par la suite .

A bientôt, cordialement, Gerboise .

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