dimanche 21 mars 2010

Le laisser-aller*,le relâchement,la désinvolture et le désir d'absence de contraintes: un malheur,un fléau**,un désastre***qui peut nous ronger **** !




Dans la partie supérieure : Entrée de la grande Chartreuse ; juste ci-dessus : Vue générale de Grenoble, ville natale de Stendhal . Cette ville provinciale à l'époque de l'auteur de la Vie d'Henry Brulard et plus tard de la Chartreuse de Parme , était pour Stendhal une de ces bourgades provinciales où les esprits végètent ; d'où ses craintes pour sa sœur Pauline .

" Tout ce qui est bas et plat dans le genre bourgeois me rappelle Grenoble, tout ce qui me rappelle Grenoble me fait horreur, non, horreur est trop noble, mal au cœur " .


Paysage du Massif de la Grande Chartreuse .
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" Il faut secouer la vie ; autrement elle nous ronge ".

Stendhal, , Henri Beyle, écrivain français, 1783-1842, [lettre à sa sœur Pauline du 4 Septembre 1809] .

* laisser-aller : négligence dans les manières, dans la conduite, qui fait qu'on se laisse entraîner par ses penchants vers la mollesse ou la paresse ; abandon de toute dignité .
** fléau : personne ou chose nuisible, qui peut anéantir, désorganiser profondément et définitivement ce qui est actuellement viable .
*** désastre : insiste sur les dégâts irréparables causés par l'événement .
**** ronger : détruire peu à peu, subrepticement, sournoisement .

Ce message à sa sœur, de ne pas se laisser dévorer par la médiocrité d'un milieu dans lequel elle se trouvait, dans lequel elle s'étiolait ( s'étioler, dépérir, décliner, s'atrophier ; décadence des personnes privées [d'air, de lumière] dans notre conteste, d'une énergie vitale ) est plein de sagesse .

Ce conseil est l'un des plus riche de conséquences que l'on puisse vous présenter .
Au point de vue de la notion actuelle de réussite professionnelle, les états d'âme de Stendhal, se sont souvent posé en ces termes : comment réussir socialement sans devenir moralement un médiocre .
Il exècre ( exécrer : avoir de l'aversion [détester] , du dégoût pour quelqu'un, pour quelque chose ) ce qu'il appelle les âmes basses, ou les âmes plates, en fait les âmes dont la vie s'est retirée . Il n'apprécie pas certains milieux des provinces à son époque dans lesquels les esprits perdent leur dignité, leur hauteur, s'engourdissent, s'endorment, s'ankylosent, " se rouillent " et meurent .

Il faut lire ces lettres de Stendhal à sa sœur où apparaît déjà cette " altitude " , cette hauteur qui caractérise celui qui écrira plus tard " Le Rouge et le Noir " et dans lesquelles figurent par moments des traits de génie dans l'écriture comme celle-ci :

" On perd son feu (son ardeur, sa flamme) à vouloir le communiquer à des morceaux de glace " ( à des gens sans âme, sans envie de progresser) .

Rester intellectuellement et moralement vivant, éviter de se figer dans un dogme ou dans une routine, maintenir, conserver, même s'il en coûte, les droits de la conscience errante .

Inspirons-nous de Sainte-Beuve ( écrivain français ,1804-1869 , journaliste au journal Le Globe à vingt ans et déjà critique littéraire) qui dans les Nouveaux Lundis énonçait la nécessité d'une constante vigilance ( par exemple, à notre époque, de nos jours, se contraindre à construire chaque jour un billet dans notre blog Gerboise) pour éviter l' anéantissement de l'esprit :

" De même qu'autour d'un vaisseau menacé d'être pris par les glaces, on est occupé incessamment à briser le cercle rigide qui menace de l'emprisonner, de même chacun à chaque instant devrait être occupé à briser dans son esprit le moule qui est prêt de prendre et de se former . Ne nous figeons pas ; tenons nos esprits vivants et fluides " .

Si nous considérons la vie morale, Sainte-Beuve nous livra un texte que Stendhal aurait pu reconnaître, faire sien .

" A quarante ans les uns se font aigres, les autres fades ; d'autres "tournent au porc" . Moi, je me fais loup . Je dis NON, je rôde et je me maintiens inattaquable dans les grands bois enneigés " .

Cordialement, bien à vous, Gerboise .

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